Le comédien

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Piété filiale

C’est le premier film que Guitry réalise après la Guerre, et après sa stupéfiante incarcération – qui le marquera pour toujours, tant il a pu percevoir, durant ce trop long épisode, combien l’adulation du public était éphémère, combien les amitiés étaient fragiles . Ce premier film, donc, est un exercice de pure piété filiale, un hommage au père, au grand acteur Lucien Guitry, avec qui ses rapports avaient été singuliers, avec qui il avait vécu une longue brouille, dont il avait épousé une ancienne maîtresse, Charlotte Lysès, mais à qui, réconcilié, il vouait une admiration éperdue.

Cette admiration réciproque donne un film d’un charme infini, tout entier voué à la célébration du théâtre – tel qu’on pouvait le concevoir à l’époque, tel qu’il était, forme littéraire majeure depuis trois siècles – et à la glorification de l’acteur. L’acteur – en soi – presque d’une autre espèce, d’une autre race, que le commun des mortels, l’acteur qui a droit à tout, à la gloire, à l’argent, au subterfuge fripon pour s’envoler avec une très jeune admiratrice (Lana Marconi, en l’espèce, cinquième et dernière femme de Guitry).

Droit à tout, mais avant tout devoir rendu à la scène : car lorsqu’il s’agit de sacrifier à la qualité de la pièce la jeune actrice qui aimerait s’imposer, mais qui n’a pas de talent, le comédien, le grand comédien n’a aucune hésitation et n’a aucune difficulté à rappeler, pour sauver la pièce, l’ancvienne maîtresse congédiée (Marguerite Pierry).

Naturellement,il y en a qui n’aiment pas ça. Naturellement, ça n’a pour moi et les amoureux de Guitry aucune espèce d’importance.

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