Le dahlia noir

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Fumisterie !

Il y a longtemps que je n’avais pas eu autant la sensation de perdre deux heures et demie de ma précieuse vie (précieuse non pas en soi, mais parce qu’il ne m’en reste plus guère) à regarder une telle connerie.

Le sujet était pourtant en or, et le goût fort malsain que je ne cache pas d’avoir pour les tueurs en série, les psychopathes démesurés, les malfaisants sanglants, les malades hystériques me prédisposait plutôt bien.

Donc, hier après-midi, au lieu d’aller nous aérer les poumons, alors qu’il faisait un temps de rêve à Paris, et que la soirée électorale s’annonçait guillerette (je parle en amateur de langue de bois), ma femme et moi nous sommes confortablement installés pour regarder cette sorte de bouillonnement ventru et incohérent ; comme nous nous endormions à intervalles réguliers (c’est lent, ça manque de rythme, on ne reconnaît pas les personnages, qui se ressemblent tous), mais que nous avions le bon goût de ne pas dormir en même temps, l’assoupi demandait de temps en temps à l’autre ce qui s’était passé, et l’éveillé avait bien du mal à retracer les fils d’une intrigue inexistante, ou plutôt puérilement mal fichue.

Je n’arrive toujours pas à comprendre si les deux protagonistes initiaux sont boxeurs, ou policiers, qui est la femme coupée en morceaux, quelle est la famille Adams avec la vieille femme alcoolique qui se fait sauter le caisson à la fin, si le héros est amoureux de la brune je ne sais plus comment elle s’appelle ou de la charmante Scarlett Johansson, si brillante dans Lost in translation et si insignifiante là…

Si quelqu’un peut m’expliquer quel est le rapport entre L’Homme qui rit de Victor Hugo et le film – ou plutôt la fumisterie regardée hier – il aura droit à toute ma considération.

Tout cela est d’un enfantillage sans borne ; quand on va voir Batman ou Spider-Man, on sait que c’est tourné pour des adolescents attardés ; mais là ! s’agissant d’une histoire réelle dont on pouvait sûrement tirer quelque chose d’aussi intéressant que fut Le silence des agneaux, avec de vrais personnages et des motivations compréhensibles, c’est atterrant. Il a manqué sûrement un scénariste intelligent.

Dommage pour Brian De Palma dont j’ai bien aimé Pulsions – où les choses étaient claires – et même le rigolo Scarface avec ses tueurs mal habillés… Mais il est vrai que voir Mission impossible à pleurer de rire quand on a vu et aimé la série télévisée ne laissait pas espérer quelque chose de bien bon…

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