Rentre dans ta tombe !
Franchement, quelle drôle d’idée de ressortir et d’éditer, au demeurant assez bien, des fragments, des bribes, des embryons de ce cinéma de genre ? Être présenté comme le premier film britannique de l’ère du parlant (tout en s’appuyant sur les recettes éprouvées étasuniennes) suffit-il à donner au Fantôme vivant le moindre intérêt ? Le sympathique Jean-Pierre Dionnet, spécialiste des œuvres connexes et marginales s’évertue, en les présentant, de faire croire au spectateur naïf qu’il va découvrir une pépite oubliée : c’est méritoire mais ça n’abuse personne… (Au fait, avez-vous remarqué que Dionnet, au fil des années et de l’âge qu’il prend, ressemble de plus en plus à un personnage des films d’horreur de série Z qu’il défend, flamberge au vent ?).
Il meurt et un serviteur fanatique et zélé, Laing (Ernest Thesiger) , lui assure les funérailles qu’il souhaitait. Mais parallèlement une kyrielle de personnages interviennent, la plupart à la recherche du joyau, le notaire Broughton (Cedric Hardwicke), l’Égyptien Dragore (Harold Huth) mais aussi le (faux) pasteur Hartley (Ralph Richardson).
Et, naturellement les présumés héritiers, les veux et nièce du professeur Morlant, Ralph (Anthony Bushell) et Betty (Dorothy Hyson) qui sont comme chien et chat ab initio, mais dont le spectateur malin voit vite qu’ils tomberont in fine dans les bras l’un de l’autre.
Mais il ne connaît pas – ou se fiche complètement – du rythme cinématographique : les séquences se succèdent un peu à la manière des chapitres des feuilletons populaires : on abandonne des personnages en butte à de redoutables dangers pour, en un clin d’œil, passer sur d’autres personnages dans une toute autre situation. Et puis, comme on veut détendre l’atmosphère, on jette dans les pattes des protagonistes, une espèce de crétine bréhaigne, Kaney (Kathleen Harrison), colocataire de la jolie Betty, qui glougloute dès qu’elle approche un homme et dont la bêtise et l’aveuglement sont censés faire rire le spectateur.
La résolution de l’énigme est bâclée, la résurrection de Morlant/Karloff l’est tout autant (c’était une simple catalepsie !… ben voyons) et les deux jeunes et beaux héritiers se retrouvent amoureux.
Était-ce bien la peine d’exhumer cette momie ?