Le furet

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Quelle bonne surprise !

Je me préparais à poursuivre la morne chronique de mes désenchantements nanardesques – il y avait bien longtemps que je n’étais pas tombé sur une pépite !- en glissant mon lecteur ce Furet de l’absolument inconnu Raymond Leboursier… et voilà que, dès les premières minutes, j’ai été accroché, puis séduit !

Naturellement, c’est tiré d’un roman de Stanislas-André Steeman, comme Le dernier des six de Georges Lacombe et surtout comme Quai des orfèvres et L’assassin habite au 21 d’Henri-Georges Clouzot et naturellement c’est tout de même un peu moins bien ; mais pas une minute d’ennui dans un film ingénieux et drôle, suffisamment cynique et bien troussé pour être aujourd’hui regardé avec beaucoup de plaisir.

Distribution très nombreuse avec beaucoup de ces merveilleux seconds rôles qui ont été une belle partie du sel du cinéma français des années Quarante à Soixante : Jean Martinelli, Jacques Baumer, Jean Tissier, Marcel Pérès, Jean Servais chez les hommes, Jany Holt, Marguerite Deval, Colette Darfeuil, Héléna Manson, Annette Poivre chez les femmes.

Mention spéciale au génial Pierre Larquey, au jeu d’une infinie subtilité (admirable Docteur Vorzet du Corbeau, entre autres), qui fait passer dans un regard, dans un clignement d’œil, dans un froncement de paupières toute l’ambiguïté de son personnage…

JanyHoltScénario un peu invraisemblable mais ingénieux, donc : histoire apparente de serial killer, assassinats en série de femmes légères, ou acariâtres, futiles et hypocondriaques, ombres menaçantes, mains gantées qui saisissent une gorge, bistouri qui coupe un cou, étonnante scène où une femme à l’esprit un peu faible, mais à la sensualité débordante et au compte en banque bien rempli est attachée sur un lit par son mari jaloux et la sœur d’icelui (épatante Margo Lion, en méchante lesbienne années Cinquante), conclusion du film élégante et drôle…

Petit défaut, lorsqu’on garde en tête le commissaire Wens de L’assassin habite au 21 : l’acteur qui a pris le rôle de Pierre Fresnay et qui s’appelle Pierre Jourdan paraît bien pâle à côté de son éclatant modèle (et cela malgré un excellent dialogue), d’autant qu’il donne la réplique à une délicieuse Jacqueline Delubac dont ce fut l’avant-dernier rôle au cinéma, et qui est à croquer…

Mais vraiment un très agréable film, malicieux et plein de charme…

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