Le grand Ziegfeld

17041

Le Birotteau de la paillette

Pure provocation de ma part que d’intituler ce message d’une allusion à un des romans pathétiques de Balzac, où un brave homme de parfumeur se voit grimper, grimper jusqu’à une empyrée improbable qui, naturellement, le précipitera dans une chute cruelle ; pure provocation, car mon habituel pédantisme n’est tout de même pas complètement approprié au sujet du Grand Ziegfeld, entrepreneur de spectacle brûlant d’ambition, parfaitement conscient de ses dons, de ses talents et de sa chance et qui ne se cassera la figure que du fait de la Crise de 1929, et peut-être aussi, mais la chose n’est pas explicite dans le film, de l’irruption du cinéma parlant qui, par son existence même démonétise un peu les grands spectacles musicaux qui faisaient la fortune de Broadway (d’autant que la couleur ne tardera pas à se surajouter…).

Le grand Ziegfeld est donc l’histoire de l’irrésistible ascension d’un type charmeur, doué, culotté, séduisant, narquois, audacieux comme pas deux, malin comme un singe qui se taille en quelques années une sorte d’empire du strass, de la paillette et de la gambette levée haut. C’est sans doute un peu long, mais c’est habile, gai, spirituel, plein de numéros charmants ou étourdissants même, de ces fééries prodigieuses où des kilomètres de voiles de satin, des hectomètres de tulle, des hectares de toiles mordorées mettaient en valeur de gracieux minois, ou des crooners à la voix si chaude que l’on dirait du délicieux caramel mou… Et aussi le plus extraordinaire numéro de claquettes que j’aie jamais vu, interprété par Ray Bolger, que j’aimerais bien revoir dans une autre production..

William Powell, oeil de velours et moustache accrocheuse, qui interprète Ziegfeld est parfait de cynisme séduisant, les deux femmes qui compteront dans la vie de Ziegfeld (enfin…deux parmi une quantité sans doute assez remarquable), Myrna Loy et Luise Rainer sont ravissantes et pleines de charme…

Évidemment, ce n’est ni du Civeyrac, ni du Garrel ni du Ramos, et Valérie Crunchant et Aïssa Maiga n’étaient pas encore conçues, mais c’est bien agréable…

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