Le magicien d’Oz

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La dépression s’éloigne

Il n’est pas donné à tout le monde de faire rêver les jeunes filles, qu’elles soient grandes, ou petites. C’est pourtant ce à quoi réussit Victor Fleming en présentant, dans le même millésime de 1939  Autant en emporte le vent (dont j’ai dit déjà toute la fascination que j’en éprouvais) qui avait été immédiatement précédé sur les écrans par Le magicien d’Oz. Il doit y avoir peu d’exemples de quasi concomitance de deux immenses succès du même réalisateur à quelques mois d’intervalle, succès, qui plus est, encore vivaces presque soixante-dix ans après leur révélation.

Il n’y a aucun rapport, d’aucune manière, entre ces deux films sauf à dire qu’ils sont l’un et l’autre inspirés d’un livre (ce qui n’est tout de même pas bien rare au cinéma), mais que celui de Margaret Mitchell survit encore un peu (et, je crois a donné lieu, il y a quelques années à une suite sans doute poisseuse) alors que celui de L. Frank Baum n’a pas dû beaucoup réapparaître sauf dans le Zardoz de John Boorman où il donne la clef du titre.

Dorothy-and-crew-300x218Tout le monde a vu Le magicien d’Oz, n’est-ce pas ? Enfin…Tous ceux qui ont plus de vingt ans… La télévision, lors des longues après-midi de vacances automnales ou hivernales, passait le film régulièrement et a fait découvrir à plusieurs générations l’étrange aventure de Dorothy (Judy Garland) jetée par un de ces songes terrifiants que vit l’enfance inquiète dans un monde coloré et invraisemblable où, mandatée par un peuple de nains amateurs de sucettes et de rondes enfantines, elle affrontera d’horribles sorcières, sera secondée d’un lion peureux, d’un épouvantail qui perd son chaume et d’un homme de fer-blanc qui rouille, se collettera avec d’affreux soudards patibulaires, découvrira un pot-aux-roses assez surprenant dans le genre sarcastique et finira par se réveiller au milieu de la ferme où elle vit, entourée des personnages qui ont fourni la substance de son rêve…

Tout le monde a vu ce film qui scotche les enfants sages (et les chenapans aussi) à leur siège, mais chaque fois qu’on le regarde, on y découvre une invention nouvelle, dans le traitement de la couleur – ce doit être une des premières réalisations de ce type – dans le soin extrême apporté à la dégaine, au costume des acteurs ou des figurants (la scène de l’arrivée de Dorothy dans le pays d’Oz est une pure merveille) aux décors (le château terrifiant de la Sorcière de l’Ouest)…Puis il y a bien sûr une partition musicale éclatante, pas seulement pour ce standard indestructible de Over the rainbow que l’on peut entendre jouer ou fredonner partout dans le monde…

Il me semble qu’un des plus beaux miracles du cinéma est aussi d’avoir figé à tout jamais pour des yeux éblouis, à la fin de la Grande dépression, Blanche Neige et ce Magicien-là

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