Le repos du guerrier

le-repos-du-guerrier

Belle et interdite

Je rejoins entièrement ceux qui reniflent à  cette sulfureuse nostalgie, à  deux pédantes nuances près :  l’auteur du Repos du guerrier est Christiane Rochefort – sans particule – et j’ai bien l’impression, quasiment la certitude qu’en 1962, date de sortie du film, l’interdiction – unique – était aux mineurs de 16 ans ; quelque temps après, deux ou trois ans peut-être, a été instituée une double interdiction, 13 et 18 ans ; ce serait amusant de vérifier, mais je ne sais où ; je doute que le site du CNC comporte des renseignements de cet ordre qui n’ont, d’ailleurs qu’une importance relative.

Peut-on encore concevoir la gêne furtive qui nous saisissait lorsque nous entrions dans une salle où passait un film interdit sans en avoir tout à fait le droit ! Dès qu’un nouveau spectateur entrait dans la salle, j’étais, pour ma part, mort de trouille et persuadé que c’était la police qui faisait irruption pour venir m’arrêter, que j’allais être traîné au commissariat, remis avec mépris à mes parents, qui pleureraient toutes les larmes de leur corps en voyant que leur rejeton était d’une perversité aussi inimaginable, etc., etc. D’ailleurs, même après avoir passé le seuil fatidique, je n’étais guère à l’aise, craignant qu’on me demande de prouver que j’avais dépassé ledit seuil, et appréhendant les regards méprisants, la commisération qui ne pouvait que s’attacher à mes misérables dérives. Ah ! Délices de la culpabilité juvénile !.

Car – faut-il qu’on vous l’écrive, jeunes gens ? – nous allions essentiellement voir ces films pour découvrir, au détour d’une scène, l’ombre furtive d’un sein dévoilé et – même dans nos rêves les plus fous ! – nous n’aurions pas osé imaginer qu’on pût contempler quelque jour un ventre dénudé !

Comme on le voit, les choses ont bien changé.

Je n’ai, pour le séduisant et médiocre réalisateur Roger Vadim aucune animosité particulière, lui reconnaissant le talent d’avoir enjôlé des créatures extrêmement craquantes ; et je serais volontiers preneur d’un coffret comportant ces créatures-là, diversement exposées en fonction de la libéralisation des moeurs.

Cela irait de Brigitte Bardot, donc, dans ce Repos du guerrier à Annette Stroyberg, dans Et mourir de plaisir (avec, dans cette histoire de vampires saphistes, la divine Elsa Martinelli, que j’aimerais voir un peu plus déshabillée que dans Hatari) et enfin Jane Fonda, dans La Curée (d’après Zola), et dans Barbarella, tiré d’une bande dessinée érotique… (car, entre autres aventures mirifiques, semblables aux contes des 1001 nuits, votre vieil Oncle Impétueux, non content d’avoir jadis noué au cou de Lauren Bacall le cordon de Commandeur des Arts et Lettres a, dans la même strate de sa vie, déjeuné en petit comité avec Jane Fonda, malencontreusement accompagnée ce jour-là de son ennuyeux mari de l’époque, Ted Turner…

Ce message sans queue ni tête est donc plein de nostalgie…

Leave a Reply