Émoustillé par de nombreuses critiques favorables (et variées ! de Paris-Match à Libération en passant par Le Parisien Libéré) et par la présence de Gilbert Melki, un acteur que j’apprécie beaucoup (que ceux qui en sont restés à la caricature, amusante, au demeurant, de La vérité si je mens ! se rendent compte de la variété de son jeu), intéressé par le thème tel qu’il était présenté dans les gazettes, je suis allé, avec ma femme, voir ça hier soir.
Quelle déception, et quel ennui ! Si, de fait, l’argument est bien venu, et assez original, si Melki est excellent, doté d’une pesanteur, d’une épaisseur qui le font entrer de plain-pied dans la réalité, si Mélanie Laurent est mignonne et véridique, le Tueur, Grégoire Colin en fait trop dans le mutisme et la sécheresse.
Mais là n’est pas le plus grave, non plus que le côté fauché et répétitif de certaines images et de nombreux itinéraires : le pire est dans le rythme, jamais prenant, dans l’absence de toute anxiété, que le jeune réalisateur, Cédric Anger, dont c’est le premier film, ne parvient pas à imposer.
Tourner un film sur un type dont les affaires et le mariage s’engluent, et qui est atteint par une maladie à la proche issue fatale sans instiller assez de malaise, d’angoisse existentielle est, me semble-t-il, passer à côté du sujet, sauf à focaliser l’attention sur le ressort psychologique de la future victime, ce que Anger fait un peu, mais pas assez, dès qu’il y touche…
Ne pas avoir choisi entre ces deux orientations possibles, le thriller haletant, ou bien l’étude du malaise d’un type à bout est finalement la grave – et déterminante – limite du film. Il y avait, hier, fort peu de monde dans la salle et, les lumières revenues, tous les visages paraissaient sceptiques et déçus.
Dommage ! On aime bien qu’un nouveau cinéaste pointe un nez qu’on appréciera…