Les anciens de Saint-Loup

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Nostalgie des Disparus

Les Disparus du titre de cet avis, ce sont, bien entendu, Les disparus de Saint-Agil, ce chef-d’oeuvre de Christian-Jaque qui retrace si miraculeusement les espérances, les utopies, la ferveur, les folies de l’adolescence et nous replonge à chaque vision dans le monde enchanté de nos treize ans. Les anciens de Saint-Loup, si vous voulez, c’est un peu le Vingt ans après des Disparus de Saint-Agil, même s’il ne s’agit ni exactement du même collège, ni des mêmes personnages. Mais ce sont tout de même les Chiche-Capons devenus grands, retrouvant, quinze ans après, sur invitation de leur ancien directeur, leur collège et les copains de leur classe de philosophie.

Et Charles Merlin (François Périer), le banquier Jean Laclaux (Bernard Blier) et l’abbé Paul Forrestier (Serge Reggiani) sont bien les mêmes figures en 1950 qu’étaient Baume (Serge Grave), Macroix (Mouloudji) et Sorgue (Jean Claudio) en 1938.

Rien d’étonnant à ça, puisque leur papa est le même : le prolifique Pierre Véry, un des meilleurs scénaristes et dialoguistes du cinéma français, dont on trouve aussi la patte dans L’assassinat du Père Noel, Martin Roumagnac ou Échec au porteur.

Les années ont donc passé, et les murs du collège s’effritent ; le directeur (l’immense Pierre Larquey) a pensé faire appel à cette bande d’anciens, dont l’un au moins, le banquier Laclaux (Bernard Blier, donc) paraît pouvoir mettre quelques centaines de milliers de francs dans la sauvegarde de ses souvenirs d’enfance.

Comme toujours, dans ces cas, il y a quelques croquis de personnages pittoresques, façonnés par la vie d’après le collège : le nobliau, le pèquenot, le prêtre, le dilettante… On se croirait, au début, dans l’admirable Marie-Octobre de Duvivier ! Il y a une histoire un peu trouble avec la nièce du directeur (Odile Versois), devenue la maîtresse du banquier alors qu’elle était l’amour de jeunesse du dilettante (François Périer), il y a un cadavre, il y a que le banquier vient d’être ruiné.

Il y a tous les ingrédients, mais il manque un peu d’épices ; d’abord parce que la petite bande de copains n’est pas vraiment crédible : il devraient tous avoir la trentaine et certains sont manifestement plus âgés : je me suis livré à ma petite enquête cafarde sur Imdb : si les trois principaux protagonistes sont nés en 1916 (Blier), 1919 (Périer) et 1922 (Reggiani) ce qui cadre à peu près avec la trentaine que doivent avoir les personnages en 1950, d’autres de leurs camarades sont de 1903 (Gabriel Gobin) ou 1911 (Raphaël Patorni), ce qui ne va plus du tout…

Mais surtout, et indépendamment encore des qualités de mise en scène que pouvait avoir Christian-Jaque par rapport à Georges Lampin, c’est qu’on ne recrée pas ainsi si aisément la magie cristalline d’un film mythique, qu’il y a un peu de rance dans ces retrouvailles et que, quoi qu’on fasse Vingt ans après, ce n’est tout de même pas le jaillissement parfait des Trois mousquetaires.

 

 

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