Un délice !
J’ai bien conscience que ma note quasi maximale est un peu surévaluée, si on se place sur une échelle de qualité absolue, mais comme j’ai déjà porté presque au pinacle le volet initial, Les bronzés, je ne peux pas sans me déjuger faire redescendre l’appréciation puisque, à la revoyure successive de l’un et l’autre film Les bronzés font du ski m’a semblé un chouïa supérieur.
Sans doute parce que le récit est mieux construit, moins composé d’une marqueterie de sketches collés les uns après les autres sans vrai souci de cohérence ; sans doute aussi parce que les protagonistes sont mieux caractérisés et que l’action est davantage centrée sur eux et que les personnages adventices des Bronzés (Bourseault et Bobo, Michel Creton et Luis Rego) ne viennent pas s’insérer un peu artificiellement dans l’histoire. Et qu’en revanche il y a la géniale intervention de Marius (Maurice Chevit) qui donne une touche lunaire, incongrue, bizarre, presque scandaleuse à l’aventure. Le beau bouc roux prétendument envisagé pour changer l’image du général de Gaulle, le crâne d’œuf prêté à Marilyn Monroe, la bouteille de vin de Bordeaux jalousement consommée, le fil dentaire dans la fondue, tout cela fait partie désormais de la légende…
Le film est recentré sur l’équipe originelle, celle du lycée Pasteur de Neuilly : Christiane (Dominique Lavanant) est finement distanciée de la troupe et Nathalie Morin (Josiane Balasko) n’est que le faire-valoir de son mari Bernard (Gérard Jugnot), beaucoup moins présente et autonome que dans le premier opus. L’orientation éclaire davantage Jérôme (Christian Clavier) en crétin satisfait, Popeye (Thierry Lhermitte) en crétin fragile, Jean-Claude (Michel Blanc) en crétin pathétique…
Et, à dire le vrai, il n’y aurait pas de film sans celui-ci, qui tire vraiment la couverture à lui et dont l’omniprésence structure toute la semaine neigeuse. Sans lui pas de Planté du bâton ; flexion, extension !, pas de Je crois que toi et moi on a un peu le même problème. C’est a dire qu’on peut pas tout miser sur notre physique, surtout toi. ; pas de Sur un malentendu, ça peut marcher ! et tant d’autres merveilles…
Ringard, cet humour là, dépassé, archaïque ? Ringards, archaïques, dépassés les glapissements du multipropriétaire Jugnot prenant possession de son appartement de vacances ? Dépassées, ringardes, archaïques les mesquineries de Gigi-Chazel dans sa crêperie ? Archaïques, dépassées, ringardes les promiscuités des refuges montagnards ? Et la foune, et la liqueur d’échalote relevée au jus d’ail « parce que l’échalote tout seul, ça s’rait trop fade » agrémentée de la dépouille de crapaud ? (au fait, pour ceux qui n’y croiraient pas, j’ai souvenir d’un bistrot qui était juste en face de la fontaine des Innocents, aux Halles, où s’empilaient sur les étagères derrière le comptoir, en plus des bouteilles de Byrrh millésimées, des flacons de liqueur de vipère emplis de serpents chatoyants)…
Non, y’a pas à dire… C’est formidable…