Le rêve passe.
Voilà un film plein de nobles et beaux sentiments, d’une certaine hauteur de vue, au service d’une très grande et belle histoire, celle de la Table Ronde, de l’amour de Lancelot et de Guenièvre, de la Dame du Lac. Bien avant l’Excalibur de John Boorman, ce film-là avait donné bien d’agrément à mes rêveries adolescentes !! Et j’ai longtemps tremblé au souvenir des fascinants sables mouvants qui engloutissaient Mordred.
Ce n’est pas mauvais, certes, c’est même assez plaisant, bien filmé, d’une grande hauteur de sentiment, et c’est une apologie de valeurs de dévouement, de loyauté, de courage, de fierté qui ne me laissent pas indifférent. .
Mais c’est tout de même assez verbeux et simpliste, le carton-pâte affleure sous la pierre de taille, les sables mouvants qui m’avaient tant terrifié m’ont paru bien mesquins et je me vois contraint d’abaisser mon appréciation et de me dire que la naïveté – que nous pouvons aimer ! – du cinéma des années Cinquante n’est pas un gage absolu de qualité.
Reste que les héros (Robert Taylor et Mel Ferrer) sont excellents, que le méchant (le toujours remarquable Stanley Baker) est haïssable à souhait et que l’éternelle Guenièvre (Ava Gardner) est belle à damner un régiment de saints (ce à quoi elle parvient, d’ailleurs, bien involontairement, en introduisant la zizanie d’amour entre les preux chevaliers Arthur et Lancelot).
Alors qu’Excalibur présente, d’une certaine façon, un choc entre mythes préchrétiens et religion nouvelle, Les chevaliers de la Table ronde sont traités comme un pur roman d’aventures, avec un brin de spiritualité qui confine à ce genre particulier qu’est le merveilleux. Dès lors ça donne un film un peu boiteux, qui n’ose pas bien aller au bout des choses, un truc un peu hybride et qui manque de hauteur.