Les enfants terribles

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Cocteau l’ennuyeux

Que je sois clair : c’est pour Melville et non pas pour Cocteau que j’ai acheté le coffret DVD, présenté avec un luxe de suppléments qui m’ont tous paru plus inintéressants les uns que les autres, voués jusqu’à la complaisance, jusqu’à l’adulation à la célébration du poète…

J’admets bien volontiers que Cocteau était un touche-à-tout de génie, dessinateur, céramiste, romancier, cinéaste, poète donc et qu’il devait être assez fascinant à approcher ; je ne suis pas persuadé pour autant que ses multiples talents donnaient quelque chose de bien cohérent, et surtout de bien intense. S’il n’avait pas fait partie de toute l’aventure artistique de la première moitié du siècle dernier, s’il n’avait pas mis sur le devant de la scène ses sulfureuses amours avec Raymond Radiguet ou Jean Marais, je doute même qu’il aurait, dans l’histoire intellectuelle, une place significative…

On se récrie la ! Et La Belle et la Bête ? Hein ? qu’est-ce que vous en dites… Précisément il faudrait déterminer ce qui dans le succès, toujours renouvelé, de ce film, appartient à l’anecdote, inspirée de Mme Leprince de Beaumont, et ce qui incombe aux fabuleux décors conçus par Christian Bérard ; mais Orphée ! Mais Le testament d’Orphée… est-ce qu’on peut encore regarder ça, qui est maniéré, prétentieux, sentencieux…

01acb8c12ce94ecb87da000000000322J’en dirai tout autant des Enfants terribles, artificiels et chichiteux, qui se veulent graves et cruels, comme un conte du 18ème siècle, et qui ne sont qu’exaspérants et puérils. A aucune minute, les bagarres de chien et chat entre Élisabeth et Paul ne donnent la moindre idée des sombres passions qui sont censées les animer…

Bref, on s’enquiquine ferme, entre ces jeunes gens hystériques et agressifs, et on n’est pas mécontent quand ces parasites se suppriment…

Melville pouvait commencer à faire du cinéma.

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