Les évadés

Empathique

Malgré sa longueur, le film n’est jamais pesant ou ennuyeux, et l’on finit par se prendre de sympathie pour cette bande de truands prétendument tous innocents et en fait sûrement coupables des pires horreurs, mais dont l’infinie durée des peines a assoupli la vie…

D’ailleurs, ils ne sont pas tous coupables – du moins le héros ne l’est-il pas – et tous ne sont pas sur la voie de la rédemption (les immondes Trois sœurs qui violent à tire-larigot le malheureux Andy Dufresne (Tim Robbins) jusqu’à ce qu’il regimbe dans une scène très… mordante).

En fait, c’est un film très moral, assez puritain et sûrement très conforme à l’évangélisme naïf des États-Unis : les méchants vraiment méchants, Bogs, le chef des Trois sœurs, (Mark Rolston), l’immonde hypocrite directeur Norton (Bob Gunton) et le sadique gardien-chef Hadley (Clancy Brown) sont horriblement punis. Et parallèlement les gentils sont récompensés : Andy l’innocent malheureux berne tout le monde et finit par faire fortune, Red, son ami noir (Morgan Freeman) rédimé et libéré le rejoint sur une plage de début du monde et tout est bien qui finit bien.

d452def800065af84963e33fC’est assez émouvant, d’une grande hauteur de sentiments, ça m’a fait penser après coup au charmant Forrest Gump pour ce côté confiant dans la nature humaine, indécourageable et salutiste. Les péripéties se succèdent harmonieusement, l’écoulement du temps (plus de vingt années !) est convenablement rendu (bonne idée, la succession chronologique des pin-ups dans la cellule d’Andy : de Rita Hayworth, on passe à Marilyn Monroe pour terminer sur Raquel Welch), c’est bien filmé, la musique est agréable, les acteurs sont épatants.

Mais… il faut tout de même n’avoir pas beaucoup de sens de la vraisemblance pour accrocher complètement et surtout durablement : on l’a dit ici et là : qu’est-ce que c’est que cette prison où l’on ne change jamais les prisonniers de cellule (et aussi où il n’y a pas de travaux d’entretien) puisque Andy peut tranquillement creuser pendant vingt ans son tunnel… Mais qu’est-ce que c’est aussi qu’une prison dont le Directeur et le gardien-chef demeurent en place (sans mutation ou promotion) pendant davantage encore de temps, où cohabitent dans les mêmes quartiers des assassins condamnés à de lourdes peines, comme Red, et Tommy, le jeune voleur (Gil Bellows) qui est à deux doigts d’innocenter Andy, mais qui n’a que quelques mois encore à tirer lorsqu’il est assassiné par Norton et Hadley ?

Tout ça n’empêche pas le film d’être très bien fichu, plaisant à regarder, et émouvant, j’y reviens…

Mais de là à le classer Meilleur film de tous les temps comme il l’est (ou l’a été) sur Imdb !

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