On a l’impression, en fin de compte, que tout cela a été tourné à la va-vite par tout le monde, réalisateur et acteurs, empressés d’en finir au plus vite et de livrer à l’écran un boulot de commande. Il se peut que l’ombre écrasante de l’excellente série dont les 120 épisodes avaient enchanté les téléspectateurs ait un peu paralysé Brian De Palma et l’ait empêché de tourner quelque chose d’original. En tout cas, j’ai trouvé Les Incorruptibles parfaitement lisses, bien tournés mais sans flamme et je crois, au lendemain de ma découverte, avoir pratiquement tout oublié du film.
C’est assez décevant, donc : ça se laisse voir, ça n’ennuie pas, c’est un peu caricatural mais jamais ridicule, c’est très superficiel, tellement prévisible, tellement banal dans la présentation des protagonistes, dans le déroulement du récit, dans la conclusion, que ça ronronne sans aspérité. On n’en est effectivement plus, de fait, à s’extasier devant la multiplicité des points de vue des caméras, devant la violence représentée, devant la corruption d’à peu près tout le monde, devant les ralentis spectaculaires et récurrents, devant la mort des meilleurs amis et le front triste du héros qui se retrouve seul.
Les acteurs font le minimum syndical, se caricaturant presque dans les oripeaux de leurs archétypes : Sean Connery joue l’Irlandais grognon tête folle, Robert De Niro le maffioso lâche cruel, Kevin Costner le parfait bon élève. Brian De Palma lance un landau sur des escaliers pour bien montrer qu’il possède la grammaire cinéphilique et qu’il peut faire des clins d’œil à ceux qui ont vu (ou ont simplement entendu causer) du Cuirassé Potemkine. Tout ça ne vaut pas tripette, n’est pas infamant, n’a finalement aucune importance et a eu un très grand succès au box-office.