Dessous des cartes, certes, comme je titre cet avis, mais dans un jeu clairement orienté à gauche, c’est-à-dire, très exactement à ce qu’on appelle aujourd’hui, la gauche de la gauche : du côté des altermondialistes, d‘Attac, de Pierre Bourdieu, du rutilant Jean-Luc Mélenchon. Je précise d’emblée que j’ai pris beaucoup d’intérêt à regarder ce film documentaire, capté je ne sais plus sur quelle chaîne et que, même si mes options ne se situent pas, vraiment pas de ce côté là, j’ai trouvé les dénonciations faites plutôt bien fichues et convaincantes.
Le titre, Les nouveaux chiens de garde est inspiré d’un pamphlet, Les chiens de garde, de l’intellectuel communiste Paul Nizan, qui rompit avec le Parti lors du pacte germano-soviétique et mourut devant Dunkerque en 40, pamphlet qui relevait la complicité objective des philosophes dits bourgeois avec l’idéologie dominante. Le film est l’adaptation d’un essai de Serge Halimi qui expose, donc, que de prétendues différences entre l’aile gauche et l’aile droite du même système sont des artifices de poudre aux yeux. Ce qui permet de comprendre fort bien comment est passé, pratiquement comme une lettre à la poste, le transfert de Franz-Olivier Giesbert du Nouvel Observateur au Figaro, en 1988, et tant d’autres tour de passe-passe.
La plus spectaculaire manifestation extérieure des accointances de tout ce beau monde et des liens structurellement entretenus est l’institution des Dîners du Siècle, ce club hyper-sélectif où se cooptent les dirigeants de tous les pouvoirs sous l’œil complaisant des seigneurs des médias.
On peut naturellement tout à fait contester cette analyse et trouver que certaines ficelles sont grosses et tirent clairement dans un sens polémique. N’empêche que ce n’est pas mal fait du tout, rythmé, narquois, bien écrit. Ce n’est pas vraiment du cinéma, mais ça tient la route.