Les quatre filles du Dr March

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Assez de cynisme !

Eh oui, assez de cynisme et de sarcasmes, assez de regards distanciés, assez de fascination morbide pour les troubles manigances des serial killers !!

Cette après-midi, j’avais envie d’écraser ma larme ; j’ai donc fait glisser dans le lecteur LE film le plus propre à émouvoir les âmes pures et les esprits tendres, (j’entends déjà ricaner les cœurs de pierre des habituelles hyènes cyniques !), je veux dire Les quatre filles du Dr March dans la version de Mervyn Le Roy de 1949, avec June Allyson, Janet Leigh et la très jeune Elizabeth Taylor.

C’était aussi émouvant que dans mon souvenir, délicieusement artificiel, beaucoup moins fade que je ne le redoutais, très tendre ; un monde de jeunes filles charmantes et rieuses, bien élevées, obéissantes et pourtant rêveuses…

Les trois premiers quarts du film – qui dure presque deux heures – font songer à un monde qui serait régi par l’Armée du Salut : gentillesse, générosité, mesure, pudeurs gracieuses, émois familiaux. C’est évidemment comme ça, se prend-on à rêver, que le monde devrait être, comme il pourrait être si les Hommes n’étaient pas fous. Rien qu’à énoncer cela, on voit combien c’est artificiel…mais si charmant.

Dans la grande maison de Pennsylvanie (ou de Nouvelle Angleterre), dont est absent le Père, parti faire la Guerre de Sécession dans les rangs nordistes, vivent, pauvrement – mais dignement ! qu’allez-vous penser ! – avec leur Mère, quatre jeunes filles toutes plus charmantes les unes que les autres, Meg (Janet Leigh), Joséphine, dite Jo, garçon manqué qui rêve d’écrire (et y parviendra), (June Allyson), Amy, coquette écervelée adorable (Elizabeth Taylor) et Beth, la très jeune pianiste maladive et timide (Margaret O’Brien) ; la Guerre doit être en train de s’achever, car des jeunes gens reviennent, pour leur convalescence, dans la grande riche maison à côté…

S’il n’y avait pas la dernière demi-heure, la mort de Beth, la séparation des sœurs, les amours contrariées, on pourrait dire sûrement que c’est trop tendre, trop joli, un peu doucereux, un peu mièvre. Et si tout s’arrange in fine, si les couples se recomposent et si l’arc-en-ciel perce au dessus des nuages, dans la dernière image, il y a tout de même bien le petit peu d’amertume qui fait dire à Jo que les temps bénis où la Famille entière était réunie ne reviendront pas.

Ce n’est pas là une austère méditation sur la fuite des jours, et ça n’a pas d’autre prétention que d’être un film édifiant pour enfants sages.

Mais dans le genre, c’est drôlement bien ; l’édition DVD est minimale, sans suppléments, et seulement disponible en V.O. sous-titrée ; mais l’image est magnifique, en Technicolor profond, comme on l’aime.

En d’autres termes, si vous avez des enfants à la maison, autant leur passer ça, une après-midi de pluie, que Massacre à la tronçonneuse… ça les changera du monde moderne.

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