L’étau

Poster - Topaz_01Guerre froide et femmes chaudes.

Voilà le 15ème film d’Alfred Hitchcock sur quoi je donne un avis, ce qui, me semble-t-il, me permet d’asseoir mon point de vue sur un assez large panorama, puisque le gros homme a réalisé une quarantaine de films (je tiens pour rien les muets). Je verrai d’ici la fin de l’année Frenzy et Complot de famille, ses dernières œuvres, qui figurent dans un gros coffret que je détiens. Qu’est-ce qui me manquera ? Trois ou quatre notoriétés, Rebecca, La maison du Docteur Edwardes, Les enchaînés…. Ah et puis La mort aux trousses, que j’ai déjà dû voir deux ou trois fois, qui est, dit-on, un chef-d’œuvre, mais dont la scène fétiche, la tentative d’assassinat de Cary Grant par un avion dans un champ de maïs m’a toujours paru si farfelue que j’hésite à m’y replonger.

7455567L’étau ne relèvera pas la piètre opinion que j’ai d’Hitchcock dont je n’apprécie vraiment que l’excellent Psychose, seul film qui, parmi ceux que j’ai vus, bénéficie d’un solide et passionnant scénario. Car si j’admets bien volontiers que le bonhomme a apporté au cinéma d’intéressantes innovations en matière de prises de vues et, le cas échéant, d’utilisation de la couleur, je demeure confondu par la médiocrité et l’insuffisance habituelles des histoires mises en scène.

Sur ce plan là, L’étau décrocherait presque le pompon (s’il n’était surpassé dans le ridicule par Fenêtre sur cour et Mais qui a tué Harry ? qui atteignent les sommets). En mixant l’affaire des fusées soviétiques à Cuba, les histoires du haut fonctionnaire Georges Pâques, qui informait les Russes et du diplomate Philippe Thyraud qui était une créature des États-Unis, on obtient ce salmigondis encore rendu plus indigeste par des coucheries entrecroisées qui sont tout sauf convaincantes.

l-etau_53296_43499Scénario du niveau d’un O.S.S. 117, déséquilibre formel (la plupart des protagonistes de la première partie sont remplacés par d’autres personnages, tout à fait différents), acteurs fort peu convaincus de la pertinence de leur rôle : c’est une vraie catastrophe industrielle, à peine défendue par les admirateurs inconditionnels d’Hitchcock : le plaidoyer en faveur du film d’un spécialiste, Léonard Maltin, dans le supplément du DVD, est touchant, mais on voit bien que le bonhomme n’est nullement convaincu et qu’il fait tous les efforts imaginables pour expliquer que L’étau n’est pas un mauvais film.

Trois fins ont été envisagées : l’initiale, avec un duel au pistolet entre Devereaux (Frédérick Stafford), l’homme de Washington et Granville (Michel Piccoli), celui de Moscou dans le cadre insolite et ridicule de l’ancien stade Charléty (avec tous ses panneaux publicitaires antédiluviens) nous a heureusement été épargnée ; la deuxième, la plus satisfaisante à tous égards, les deux anciens amis devenus antagonistes mais toujours complices montant chacun dans un avion différent et se saluant avec le sourire, meilleure à tous égards ; restait la troisième, le suicide de Granville, inutilement emphatique, qui a été conservée.

Image1On ne retient pas grand chose, sinon la belle image de l’assassinat de la belle Juanita (Karin Dor) par son amant trompé, Rico Parra (John Vernon) : sa robe mauve, filmée par une caméra zénithale, s’étale comme une immense flaque de sang. Réussite technique incontestable au service d’un film bien insuffisant.

Comme d’habitude.

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