Los Olvidados

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Douloureux et lucide

Je classe très haut ce film difficile, prenant, dur à vivre, dans l’échelle de mes valeurs.

Ce que je trouve admirable, aussi, c’est que le regard de Bunuel n’est jamais lâche, mais non plus jamais accablant : il n’y a pas de prolétariat d’immaculée conception, mais il n’y a pas non plus de regard indigné sur la sauvagerie, la méchanceté, la veulerie des personnages.

Pour autant, il serait bien hasardeux de voir là un regard marxiste, une défense et illustration de la lutte de classes, au travers d’une dénonciation des conditions de vie immondes de ces rues de Mexico : il y a un regard douloureux et lucide sur la nature humaine, sans condamnation et sans aveuglement.

Un des mes amis, prêtre, trouvait à Bunuel des accents chrétiens, malgré son anticléricalisme déclaré, son goût de la profanation et du sacrilège, sa manière très violente de dénoncer certains états de fait : je ne suis pas sûr qu’il n’y ait pas de ça : la terriblement pauvre Humanité n’est pas condamnée ; je retrouve à ce propos une assez forte phrase d’un évêque de Rennes : La conscience éclairée par l’Évangile a le droit de juger des comportements, mais non de condamner des personnes. Juger les comportements, c’est se conduire en homme. Mais juger les personnes, c’est se prendre pour Dieu.

Il me semble que Bunuel ne juge pas les personnes…

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