Mado

Sautet c’est toujours formidable !

On trouve dans Mado tout ce qu’on aime chez Sautet : des histoires construites, véridiques, profondes, faisant la plus petite part à l’anecdote, une façon de filmer plurielle qui sait s’attacher à tous les personnages, qui dessine au burin toutes les silhouettes, même celles des troisièmes ou quatrièmes rôles, les habituelles ambiances de bistrots et de pluie, toujours si réussies, une distribution formidable ; et c’est vrai aussi que dans Mado, on trouve à peu près toutes les physionomies des Années Soixante-Dix, de Julien Guiomar à Michel Aumont, de Jean Bouise à André Falcon

Il y a des scènes sensationnelles, notamment la pure merveille de l’embourbement des voitures dans un paysage de chantier noyé sous les cataractes ; il y a une dénonciation intelligente des magouilles immobilières qui ont été un des fleurons de ces années-là ; il y a un Piccoli excellent et un Jean-Paul Moulinot (dans le rôle de son père) absolument étonnant…

Mais je trouve que le film pèche tout de même par deux aspects : la complication un peu trop accentuée de l’intrigue et surtout les rôles féminins ; je ne crois pas qu’il ait été une très bonne idée de donner un petit rôle assez énigmatique à Romy Schneider : il y a une sorte de redondance/résonance avec Les choses de la vie (comme si l’accident n’avait pas eu lieu ou si Pierre s’en était sorti ; et pour ajouter à la confusion, dans les deux films Romy Schneider s’appelle à chaque fois Hélène) ; et puis je n’accroche pas du tout au personnage de Mado, joué sans guère de nuances par Ottavia Piccolo, pourtant plutôt douée pour interpréter les mutiques (comme dans La veuve Couderc)…

Cela étant, c’est tout de même un très bon film ; mais peut-il y avoir un Sautet mauvais ? (je mets naturellement à part le Bonjour sourire purement alimentaire des débuts…)

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