Man of fire

L’ange exterminateur.

Presque deux heures et demie pour un film dont on voit assez vite les ressorts dramatiques, c’est trop, évidemment. Dont on voit assez vite les ressorts, allez-vous vous récrier en m’assénant férocement les explications confondantes de la dernière demi-heure ! C’est-à-dire (je révèle tout en vrac) les supercheries du kidnapping de la petite et charmante Pita (Dakota Fanning), en fait organisé par son père Samuel Ramos (Mark Anthony) et son avocat et homme d’affaires Jordan Kalfus (Mickey Rourke) pour éponger des dettes et récupérer beaucoup de pognon ; et naturellement la survie de la gamine, qu’on croyait dur comme fer assassinée….

Ben oui ; tout amateur un peu averti des complexités savantes de ce genre d’histoires est forcément aux aguets devant les rouages huilés du récit. Il ne s’en laisse pas conter comme ça et, par essence, exclut des péripéties aussi évidemment inadmissibles (pour le spectateur cosmopolite) de l’assassinat crapuleux d’une petite fille charmante, jolie, attachante et tout le tremblement.

Ceci n’est pas un gros reproche ; si revenu de tout qu’il est, l’amateur averti dont au sujet duquel je vous causais au paragraphe précédent peut être aussi bon public que quiconque et ne demande pas mieux que de se laisser embarquer dans un récit rythmé, haletant, suffisamment cruel qui le confortera dans son instinctif scepticisme sur les prétendus progrès de l’Humanité. Nil novi sub sole, comme disait l’autre.

Donc John W. Creasy (Denzel Washington), ancien agent de la CIA (ou ancien marine, je ne sais plus, mais en tout cas un type qui a une certaine puissance de feu, au propre comme au figuré), tombé dans la débine et dans la déprime et dans l’alcoolisme et dans tout ça (et davantage) est embauché comme garde du corps. Ceci par l’entremise d’un vieux copain à lui, Paul Rayburn (Christopher Walken)qui s’est marié à Mexico. Chacun le sait, le Mexique est un des deux ou trois pays les plus violents du monde, vraisemblable héritage des barbaries aztèques, un pays où le crime organisé est omniprésent et où l’enlèvement suivi d’une exigence de rançon est considéré comme un des beaux-arts.

En fait Creasy est chargé de veiller sur la sécurité de Lupita Ramos/Dakota Fanning, gamine d’une dizaine d’années issue d’une opulente famille. Bougon, ennuyé, morose, il s’acquitte avec beaucoup de conscience professionnelle de sa tâche tout en continuant à ingurgiter des hectolitres de Whiskey Jack Daniel’s. Mais naturellement, peu à peu il s’attache à la petite fille qui trouve en lui un gros ours bien différent de ses parents qu’elle chérit mais qui sont peut-être trop occupés par leurs soucis et leur vie mondaine.

Ce qui doit arriver arrive, c’est la loi du genre et, d’ailleurs, une constante de la vie. Ce qui se développe ensuite fait partie du romanesque inhérent au genre. J’ai à peu près tout dit ab initio et je ne vais pas insister. Le film se termine convenablement pour la gamine et sa mère étasunienne Lisa (Radha Mitchell) ; nettement moins bien pour son père et son garde du corps.Tout cela est d’un grand classicisme.

 

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