Monsieur Hire

Constance de l’inéluctable

Un DVD de grande qualité vient de sortir (avec un commentaire audio du réalisateur, Patrice Leconte, que je me fais une joie d’entendre bientôt tant celui-ci analyse avec justesse et sans complaisance ses œuvres). Le disque est d’une grande qualité technique, ce qui permet de mieux remarquer le jeu subtil et intelligent sur l’ombre et la lumière, sur des gradations de couleurs, éclairage que j’avais oublié.

La lenteur volontaire du déroulement de l’intrigue – en fait, on sait tout, on comprend tout presque d’emblée, que Hire n’est pas un type très net, mais qu’Alice est une manipulatrice qui va l’utiliser jusqu’au bout – cette lenteur volontaire permet d’installer la pesanteur du destin, la constance de l’inéluctable.

Musique (Brahms et le grand Michael Nyman, celui du Cuisinier, le voleur, sa femme et son amant) admirablement choisie ; seconds rôles rares, mais remarquablement interprétés – André Wilms – le papa Le Quesnoy de La vie est un long fleuve tranquille – et, pour l’anecdote Cristiana Reali, jolie fille dans le bowling à quoi Hire excelle). Michel Blanc et Sandrine Bonnaire sont exceptionnellement bons ; ça n’a rien d’étonnant pour la seconde (au fait, l’a-t-on jamais vue mauvaise ?) et, à la réflexion, rien non plus pour le premier, hélas trop souvent mal utilisé, ou plutôt enfermé dans des rôles qui ne sont pas à sa (dé)mesure. En tout cas, il est lisse, inquiétant, fragile…

Il est bien intéressant de voir, en parallèle, Panique de Duvivier ; la différence d’interprétation des réalisateurs, et de jeu des interprètes (Michel Simon, dans Panique) est vraiment passionnante ! Et il est vrai que le roman, Les fiançailles de Monsieur Hire est un des grands textes de Simenon.

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