
Ça ne commence pourtant pas mal. Si invraisemblable qu’elle est dans son déroulement, la chute libre du pré-générique est réussie et assez grisante ; la mise à mal de Bond dans la centrifugeuse destinée à entraîner les spationautes est un original moyen de torture ; la photogénie de Venise éclate toujours aussi fort, celle de Rio n’est pas mal non plus, sans même parler du château étasunien du méchant, qui est en fait Vaux-le-Vicomte, pour les extérieurs et Guermantes pour les intérieurs.
Il y a même une excellente séquence, digne des premiers tomes de la série : celle de la chasse, où Bond (Roger Moore, l’ai-je dit ?) invité par le sinistre et courtois Drax (Michael Lonsdale) à tirer le faisan – et en fait à se faire assassiner – fait mine de rater le volatile qui lui est promis mais de ce fait décanille le tireur dissimulé dans un arbre qui le visait. Et immédiatement ensuite la pauvre et charmante Corinne Dufour (Corinne Cléry)) est poursuivie et dévorée par deux épouvantables dogues.
Même si on se doute à l’avance de son déroulement et de sa conclusion, la bagarre dans le musée (ou magasin, je ne sais plus) de verrerie de Murano est une assez jolie idée, spectaculaire et sonore, mais on peut trouver que les vitrines, censées protéger efficacement des pièces rares et délicates sont aussi peu résistantes que des carreaux ordinaires. La musique, de l’éternel John Barry est une grande réussite et le thème, interprété (après ceux de Goldfinger et des Diamants sont éternels) par Shirley Bassey reste durablement en tête.

Mais dès qu’on part dans l’espace, qu’est-ce qu’on s’ennuie, qu’est-ce que ça tire à la ligne, qu’est-ce que c’est clinquant et niais ! On a dépensé une véritable fortune pour construire, dans le studio français d’Épinay, une station spatiale tonitruante et assez ridicule, comme l’est la fin du film, qu’on salue d’un bâillement de soulagement…