L’émotion ressentie dans le monde entier lors de l’incendie de Notre-Dame de Paris, le 15 avril 2019 a été et demeure exceptionnelle ; elle a marqué chacun. Je ne connais personne qui n’ait été effaré et désolé, sidéré, même, par cet affreux sinistre. Parce que, au delà de l’admiration pour un chef-d’œuvre d’art et d’architecture, au delà de l’épreuve spirituelle que représentait la destruction possible de la cathédrale de la capitale de la France, fille aînée de l’Église, il y avait, ressentie par tous, croyants ou incroyants, Français ou étrangers, la mise en péril d’un des symboles les plus forts, d’un des monuments les plus emblématiques de notre Civilisation.
Dans le saisissement qui a emporté la France et le monde, on pouvait voir le démenti complet sur les billevesées des rigolos qui mettent en doute l’identité chrétienne de notre pays. Car le bouleversement, le désarroi des spectateurs qui voyaient s’embraser la cathédrale allait bien au delà du cercle des admirateurs du patrimoine, bien au delà du rassemblement des chrétiens qui priaient en foule devant les flammes. Ils touchaient la France, l’Europe et tous les continents même tant Notre-Dame est symbole et témoin des heures heureuses et des heures tragiques de notre grande histoire.
Les films de suspense les plus réussis sont évidemment ceux où, lorsque ils sont adaptés d’un fait historique, même lorsqu’on connaît l’issue de l’aventure, on frémit jusqu’au bout du récit en se demandant ce qui va survenir. Le Christ sera-t-il crucifié ? Louis XVI parviendra-t-il à aller plus loin que Varennes ? Napoléon recevra-t-il le secours de Grouchy à Waterloo ? Le talent du cinéaste, sa façon de mettre en scène les épisodes, les péripéties de ce qu’il filme nous embarque – ou non – : c’est la magie du cinéma.
De la première à la dernière image de Notre-Dame brûle, hier au cinéma, je me suis demandé si les efforts démesurés de la Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris allaient parvenir à sauver la Cathédrale. Et le plus extraordinaire c’est qu’à chaque instant, devant la suite des mauvais hasards, des négligences, des défauts d’entretien et de prévention, des malchances, des incertitudes, on se trouve comme dans un des blockbusters où les scénaristes accumulent avec habileté les difficultés pour mieux pouvoir les surmonter : Notre-Dame brûle, c’est beaucoup mieux que La tour infernale de John Guillermin en 1974, parce que, tout simplement, c’est véridique. Et que les rôles ne sont pas surjoués mais puisés dans les véritables sources.
Spectacle fascinant du feu qui dévore avec une puissance inimaginable la forêt des chênes de la charpente, du plomb fondu qui gicle par les bouches des gargouilles, des pierres qui explosent sous la chaleur. Et des mille difficultés qui surviennent. Certains bons connaisseurs des péripéties de l’incendie ont fait ici et là remarquer de petites erreurs, quelques anomalies, une dramatisation excessive : points de vue de pions : on suit avec passion et angoisse la préservation du Trésor de la cathédrale et le suspense fantastique du sauvetage de la couronne d’épines du Christ, rapportée d’Orient par Saint Louis ; on frémit avec le commando-suicide des volontaires qui ont permis que les tours et la façade de la cathédrale ne s’effondrent pas ; dix scènes fantastiques, glaçantes ou exaltantes qui mettent en exergue des héros : les pompiers de Paris.
Peu d’acteurs notoires, à part Samuel Labarthe qui interprète le rôle du général Gontier, commandant en second de la Brigade et directeur des secours. Quelques images d’archives avec le Président de la République Emmanuel Macron et les autorités ; et, bizarrement, la mise en scène du maire de Paris, Anne Hidalgo, qui a accepté de jouer pour le film la brève séquence où de son bureau de l’Hôtel de Ville, elle aperçoit la fumée qui s’échappe du toit de la cathédrale voisine. Présence incongrue et particulièrement ridicule. Voire obscène lorsque l’on voit bien que les folies écologistes, la haine de la voiture automobile ont retardé l’intervention des secours, par les monstrueux embouteillages suscités par une politique imbécile.
Grand spectacle, spectacle imposant, qui prend au corps d’emblée. On peut seulement regretter que Jean-Jacques Annaud (qui n’avait plus rien tourné de bon depuis Le nom de la rose (en 1986 !!), que le réalisateur, donc, n’ait pas cru achever son beau film par la vision de la grande croix du choeur, miraculeusement préservée de l’horreur des flammes, intacte au milieu des ruines et du désastre.
Christus vincit.