Nowhere

Aussi ennuyeux que dégueulasse.

Voilà un film vraiment détestable et même méprisable, pire encore que Bully de Larry Clark à qui l’on pouvait reconnaître certaines éminentes qualités, malgré l’omniprésence de la racaillerie intellectuelle qui le sous-tendait. Nowhere n’a rien de cela : : une collection d’infirmes mentaux, de dégueullasseries haineuses et d’incertitudes physiques. Les inconstances du cœur et de l’esprit (et du corps, bien, sûr et d’évidence) posées devant les nombreux protagonistes, tous emberlificotés dans leurs dépendances, drogues, sexes et amours. Pauvre souci de gamins abandonnés à eux-mêmes qui préfigurent notre pauvre aujourd’hui.

Car ça ne se passe pas bien dans ce quartier de Los Angeles ; pas bien du tout. Des tas de garçons et de filles ne vivent que d’alcool, de drogues diverses et de sexe ; au demeurant, du sexe presque obligé, qui se fait presque sans plaisir, ni sentiments, mais parce que c’est une sorte d’exercice obligatoire.

À part pour quelques-uns, comme Mel (Rachel True), qui ne vit que pour jouir, avec tout le monde et n’importe qui, au grand désarroi de Dark Smith (James Duval), c’est que, précisément personne n’a la moindre flamme, la moindre excellence, la moindre force ; que tous les personnages sont engloutis dans leurs minables personnalités ; aucun ne se détache et tous vivent dans une vulgarité des rapports humains qui n’épargne pas même les parents, aussi minables que leurs rejetons.

Sauf à imaginer que tous les lycéens des extrémités de Los Angeles passent leur vie à chercher des dollars, de la drogue et des filles faciles (après tout est-ce que cette proposition n’est-elle pas acceptable ?) on s’effare de voir de près les ravages de la décérébration intellectuelle d’une jeunesse livrée à elle-même. Car les rares parents que l’on voit ici et là sont si insignifiants, si minables, si méprisables que l’on ne peut leur accorder le moindre crédit.
Je lis que Gregg Araki, le réalisateur de ce machin, nippo-étasunien, dresse le portrait d’une jeunesse entre rage et nihilisme à la sexualité débridée et qu’il a même tourné une trilogie pour montrer cet engloutissement ; ce qui montre, s’il en était besoin, le courage, l’audace et l’originalité dont il fait montre pour s’opposer à la brutalité fascisante des forces réactionnaires. En tout cas il est, paraît-il, célébré, dans tous les festivals bien-pensants où, sur le pont du Titanic, on s’enfonce dans l’eau glacée dont on n’imagine pas qu’elle puisse vous noyer.

Il est difficile d’accorder le moindre petit bout d’intérêt à la multiplicité des intrigues amoureuses – ou simplement sexuelles – qui se nouent entre les nombreux personnages, tous plus drogués les uns que les autres et qui se livrent à d’intéressantes activités, du type concours d’ingestion d’immondes gâteaux à crème suivis de leur vomissement ; il y a un couple de filles sadomasochistes, Kriss (Chiara Mastroianni) et Cosy (Debi Mazar), des surnoms qui laissent à songer, comme Lucifer (Kathleen Robertson), l’amie lesbienne de Mel ou La branle (Alan Boyce) dont on devine l’activité préférée.

Je ne sais plus quel personnage dit à un moment Notre génération sera témoin de la fin de tout. Au rythme où vont les choses dans le paradis du wokisme, on en est bien d’accord. Et on n’en est pas du tout mécontent.

 

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