« Plus mon Loire gaulois que le Tibre latin »
J’ai beau attacher beaucoup d’admiration et même d’affection au cinéma d’Agnès Varda, je ne peux pas vraiment m’attacher à tout ce qu’elle a filmé (ce doit être considérable) ni même tout ce qu’elle a offert au public. Il y a bien des scories, des amuseries, des enfantillages. Le vrai problème, c’est qu’il y a des gens très respectables qui ont pour projet d’éditer la totalité des balourdises composés un jour par une personnalité d’importance. Un exemple ? Gustave Flaubert, dont les romans avaient été jadis agréablement édités en deux volumes de Pléiade et qui, dans une nouvelle édition est alourdi de trois autres volumes qui comportent les cahiers d’enfance, les œuvres de jeunesse, les esquisses, ébauches, les versions finalement non poursuivies, les scènes retranchées… Sans compter cinq tomes de Correspondances dont toutes n’ont pas grand intérêt ?
Ceci écrit pour me moquer un peu de Ô saisons, ô châteaux qui, après la parfaite réussite de Cléo de 5 à 7 est le deuxième film – mais un court-métrage, seulement – de la prolifique Agnès Varda ; il est curieux de remarquer que sa capacité d’entrainer le spectateur dans une histoire, dans Cléo, peut devenir bien scolaire, insignifiante dans un petit film consacré, pourtant, à quelques-unes de nos merveilles, les châteaux de la Loire, trop sagement célébrés.
Car ce sont des trésors magnifiques qu’Agnès Varda nous montre, dans l’ordre chronologique de leur construction et avec les indications nécessaires qui montrent l’évolution des constructions et architectures. Angers, forteresse rude, austère des Plantagenêt (Richard cœur de lion, ça parle à tous les amateurs de cinéma, n’est-ce pas ?) et qui verra caracoler Jeanne d’Arc ; puis Langeais, où passait Louis XI un des plus grands de nos Rois et où fut célébré le mariage de son fils Charles VIII avec Anne de Bretagne.
Mais Louis XII, Charles VIII, ce sont les guerres d’Italie, et nos souverains ramènent d’au-delà des Alpes une autre façon de bâtir, d’autres goûts, d’autres talents, d’autres merveilles. Talcy, Blois, si composite et si harmonieux ; et Chenonceau, Azay-le-Rideau ; et enfin la merveille absolue, définitive de Chambord issue de l’esprit de François Ier, sublime expression du génie français, comme le Mont Saint Michel ou Versailles.
Et enfin Valençay, Villandry, Chanteloup (au 18ème siècle, dont il ne reste rien, sinon une singulière pagode, édifiée à la fin de ce siècle)… On a vainement attendu de voir Cheverny (le Moulinsart de Tintin) mais on n’est pas mécontent d’avoir survolé cette beauté. En 22 minutes seulement.
Commentaire plutôt basique lu par Danièle Delorme, entrecoupé par quelques vers de poètes renaissants lus par Antoine Bourseiller, à l’époque compagnon d’Agnès Varda ; peu à dire là-dessus.