Le roman de Mildred Pierce

juin 24th, 2023

Les alligators dévorent leurs petits ; ils n’ont pas forcément tort.

C’est vraiment très bien et ça montre que des réalisateurs de second rang, comme Michael Curtiz, prolifiques et solides, pouvaient apporter au cinéma quand ils étaient établis sur un scénario bien étayé, émanant d’un bel écrivain, James Cain et aidés par des acteurs de qualité. En fait, au lieu d’acteur, on pourrait davantage écrire actrice tant Le roman de Mildred Pierce s’établit presque entièrement sur le magnifique talent de Joan Crawford qui emplit tout l’espace et règne absolument sur ce beau mélodrame.

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L’affaire Farewell

juin 20th, 2023

« Incertitude ô mes délices… »

Voici l’adaptation romancée – mais sérieusement faite – d’une histoire vraie, d’une entourloupe qui a contribué à faire éclater le système soviétique vermoulu, qui parvenait pourtant à terroriser tout le monde occidental. Une histoire d’une grande complexité. Le film de Christian Carion demande à être suivi avec une grande attention, comme tous ceux qui s’approchent avec réalisme des guerres de l’ombre, si déterminantes apparemment, pour l’avenir du Monde. Des coups tordus, des trahisons, des renversements de situations, des mystères vastes comme des continents, du billard à douze bandes. Et des mystères irrésolus encore aujourd’hui. Read the rest of this entry »

Je m’abandonne à toi

juin 14th, 2023

Au cœur de la vie.

Cheyenne Carron poursuit tranquillement son chemin, en rien surprise que le Centre national de la cinématographie lui refuse à chacune de ses réalisations le moindre kopeck d’aide ou d’avance. En rien surprise, mais un peu amère. Et pourtant jamais découragée. Après les tonitruantes déclarations de la gavée d’argent public Justine Triet au festival de Cannes, on a un peu parlé (sur CNews, en tout cas) de la situation de Cheyenne-Marie (puisque c’est ainsi qu’elle souhaite qu’on la nomme) et les chroniqueurs se sont effarés de cet ostracisme du Camp du Bien envers une réalisatrice qui commence pourtant d’avoir derrière elle un vrai chemin artistique intéressant. Read the rest of this entry »

Les héros n’ont pas froid aux oreilles

juin 12th, 2023

L’épopée de l’Ami 8.

Je suis confondu devant les propos plutôt sympathiques tenus par des amateurs que j’estime sur un film qui m’est apparu d’une grande et absolue nullité, ennuyeux comme la pluie de décembre malgré son heureusement courte durée et interprétée par deux excellents acteurs qui n’étaient encore qu’à l’état d’ébauche. Je n’attendais évidemment pas grand chose d’un film diffusé sur C8 un dimanche soir, mais, bon enfant, je me disais qu’il y aurait toujours un petit bout de gras à puiser dans une de ces comédies des années 80, qui ont explosé à la suite des formidables spectacles du Splendid. Read the rest of this entry »

Indigènes

juin 11th, 2023

La mort aux trousses.

En glissant le DVD d’Indigènes dans mon lecteur, je m’attendais à regarder un violent plaidoyer antifrançais. Ceci en raison de la réalisation et de la distribution très typées du film, mais surtout de l’agressif haineux air du temps. Une dénonciation farouche de la façon dont la mère-patrie a utilisé, exploité, méprisé les troupes indigènes qui se sont battues pour elle lors de la Deuxième guerre mondiale (et durant la Première aussi, d’ailleurs). Il y a de cela, bien sûr, de la rancœur, de l’aigreur, du ressentiment et les cartons qui concluent le film rappellent cruellement l’inopportune et même scandaleuse politique de cristallisation des pensions des anciens combattants africains mettent le doigt là où ça fait mal. Read the rest of this entry »

Dikkenek

juin 9th, 2023

Ridicule.

J’ai souvent bien aimé les films un peu foldingues réalisés par des Belges : C’est arrivé près de chez vous – dans le genre sanglant sarcastique, mais aussi, plus tendres, mais aussi angoissés (Le vélo de Ghislain LambertLes convoyeurs attendent, voire Quand la mer monte). Qu’on s’en étonne ou non, nos voisins d’Outre-Quiévrain (comme écrivaient les journalistes sportifs quand il y avait encore de vrais journalistes dans L’Équipe), nos voisins de Wallonie et de Flandre possèdent un méchant petit grain de folie qui fonctionne souvent bien. Grain éclatant dans a délicieuse série Strip tease de Jean Libon et Marco Lamensch. C’est vrai en littérature aussi, avec Jean Ray, par exemple : un mélange à doses variées et inégales de bouffonnerie, de grotesque et souvent de cruauté et de désespoir. Read the rest of this entry »

Man of fire

juin 5th, 2023
L’ange exterminateur.

Presque deux heures et demie pour un film dont on voit assez vite les ressorts dramatiques, c’est trop, évidemment. Dont on voit assez vite les ressorts, allez-vous vous récrier en m’assénant férocement les explications confondantes de la dernière demi-heure ! C’est-à-dire (je révèle tout en vrac) les supercheries du kidnapping de la petite et charmante Pita (Dakota Fanning), en fait organisé par son père Samuel Ramos (Mark Anthony) et son avocat et homme d’affaires Jordan Kalfus (Mickey Rourke) pour éponger des dettes et récupérer beaucoup de pognon ; et naturellement la survie de la gamine, qu’on croyait dur comme fer assassinée…. Read the rest of this entry »

Quelle joie de vivre !

juin 2nd, 2023

Manque de férocité.

René Clément, c’est à peu près ça : un réalisateur auréolé de grands (Au-delà des grilles, Jeux interdits) et bons films (Gervaise ou Paris brûle-t-il ?) mais qui ne réussit pas son coup à tous les coups et qui, aujourd’hui, semble totalement oublié, alors qu’il a remporté d’immenses succès publics et critiques. Quelle joie de vivre ! réalisé grâce à des fonds européens interlopes et sûrement beaucoup italiens, est de ces réalisations élégantes, intelligentes, brillantes mais aussi, d’une certaine façon, superficielles et inutiles qui entourent l’oeuvre d’un metteur en scène de haut niveau. Read the rest of this entry »

Les petites marguerites

mai 30th, 2023
Triste époque !

Dieu sait si l’époque était prétentieuse ! L’époque ? Celle de mes vingt ans, celle de la Nouvelle vague, celle des expérimentations, celle où le cinéma avait des ambitions et se voulait encore le 7ème art ; en tout cas pensait avoir de l’importance dans le cheminement des idées. Alors que, sans doute, il ne faisait que suivre cette longue houle irrépressible que nous pouvons tous constater en nous effarant qu’elle existe mais contre quoi il est impossible de se dresser, sauf pour la beauté du geste. Voilà qui peut paraître bien obscur pour qui ne se rappellerait pas que Les petites marguerites, qui date de 1966, ne font que précéder de deux ans ce qu’on a appelé le Printemps de Prague, la tentative désespérée d’Alexandre Dubcek de sauver l’idée même de l’idéologie communiste. Tentative qui dura moins de 8 mois avant que le Pacte de Varsovie ne sifflât la fin de la récréation le 21 août 1968. Read the rest of this entry »

Illusions perdues

mai 28th, 2023

Splendeurs et misères.

Du roman d’Honoré de Balzac, lu, dévoré à ma seizième année, je conservais le souvenir de la remarquable adaptation réalisée pour l’ORTF par Maurice Cazeneuve en 1966, avec Yves Rénier dans le rôle de Lucien de Rubempré ; un feuilleton qui, à juste titre, prenait son temps : 4 épisodes de 100 minutes, plus de 6 heures de film, donc, pour un ouvrage qui est le plus long de toute la Comédie humaine. À noter, d’ailleurs que Cazeneuve réitéra en 1975 avec Splendeurs et misères des courtisanes et, cette fois, Bruno Garcin (6 épisodes de 90 minutes, plus de 7 heures). Read the rest of this entry »