On se demande bien pourquoi, comment, où donc se sont rencontrés la fragile Écossaise Bess McNeill (Emily Watson) et le robuste Suédois Jan Nyman (Stellan Skarsgård). Toujours est-il que la jeune fille qui n’a pas toute sa tête à elle et le franc buveur ouvrier sur une plateforme de recherche pétrolière se marient et s’aiment. Que Jan initie la vierge Bess aux merveilles de l’amour charnel ; que, pour autant – et c’est très bien ainsi – Bess ne voie pas dans le plaisir qu’elle éprouve la moindre contradiction avec les convictions sévères que la communauté religieuse (presbytérienne, il me semble) dont elle est membre, tout au nord des Hébrides, lui imposent et qu’elle accepte avec ferveur. Read the rest of this entry »
Breaking the wawes
avril 3rd, 2023Senso
mars 31st, 2023J’ai vu Senso en 1954 ou 1955, lorsque j’avais 7 ou 8 ans ; c’était beaucoup trop tôt, évidemment au regard de la complexité du film ; en tout cas depuis lors je ne l’avais pas revu. Je l’ai regardé aujourd’hui, avec mes yeux presque octogénaires, un peu plus frottés que jadis aux réalités des passions et des vies. Et même avec cela, je conserve mon point de vue, effaré, scandalisé, dégoûté devant cette complaisance pour l’avilissement d’une femme. Parce que mon fier petit cœur d’enfant avait ressenti, avec une indignation aussi puérile que justifiée, cette répugnance instinctive pour une histoire abjecte. Abjecte ? Oh là là, vous allez fort ! Abjecte, je maintiens. Read the rest of this entry »
Partir
mars 30th, 2023Lèvres en feu, reins en chaleur.
Catherine Corsini, la réalisatrice de Partir, est de celles qui cochent toutes les cases de la bien-pensance : progressiste, immigrationniste, active soutien des délinquants sans-papiers, naturellement féministe et lesbienne et, non moins naturellement, soutien de l‘Insoumis majuscule Jean-Luc Mélenchon. Par ailleurs elle ne manque ni de soutiens financiers et critiques (c’est normal, avec un tel palmarès d’excellence virtuelle), ni de talents d’écriture et de réalisation. Talents qu’elle emploie à déconstruire, comme on dit, la structure traditionnelle de la société. Elle s’y était employée, en 1999 dans La nouvelle Ève, avec Karin Viard, ayant toutefois l’élémentaire honnêteté intellectuelle d’indiquer qu’elle n’avait rien de mieux à proposer, après la décomposition, que la douceur tranquille du traditionnel happy end amoureux (sur un champ de ruines, celui-là). Read the rest of this entry »
Mon homme Godfrey
mars 28th, 2023Le cinéma des années qui ont suivi la grande crise de 1929 – le cinéma qui, finalement, correspond à la grande expansion du parlant – est plutôt intéressant. Quelquefois ambigu, d’ailleurs. Doit-il inonder les écrans de féeries chatoyantes, dansées, musicales, présenter des monstres terrifiants c’est-à-dire tenter de faire oublier par des moyens antagoniques, mais nullement différents, en fin de compte, la réalité quotidienne de la crise et de la misère ? Doit-il – ce qui est plus subtil – faire surgir un bout de critique sociale ? Cela, bien sûr, sans appel révolutionnaire au renversement de la table et de l’écrasement des possédants ; car les États-Unis, terre de pionniers animés d’un rêve, n’ont jamais marché dans les billevesées égalitaires. En d’autres termes, mieux vaut la charité efficace que l’utopie révolutionnaire à la fois sauvage et inutile. Read the rest of this entry »
La soupe au canard
mars 26th, 2023Mais quelle nullité, quelle imposture, quel accablement ! Je ne vois rien, absolument rien à sauver dans cette Soupe au canard bien médiocrement préparée par Leo McCarey qui laisse pantois devant sa bêtise intrinsèque, son absence de tout ressort comique, par la moindre idée de mise en scène. Et qui recueille pourtant des hommages aussi déférents que ridicules des professionnels de la profession qui tiennent La soupe au canard pour le meilleur film de ces galopins de Marx brothers. Seigneur ! est-il possible de tenir ces trois (ou quatre) crétins pour le sommet de la production burlesque et de les encenser jusqu’à plus soif ? Read the rest of this entry »
Inside man
mars 25th, 2023Violence des échanges en milieu tempéré.
Comme c’est chichiteux, compliqué, en fin de compte torturé ! Quelle histoire idiote à peu près incompréhensible, où l’on se demande à chaque séquence à quoi elle peut aboutir ! Je suis certainement sévèrement atteint par les premières atteintes d’Alzheimer, mais je n’ai pas compris grand chose à cette histoire de bande qui vient commettre un casse dans une banque new-yorkaise, ne pique absolument rien sinon les preuves de la vénalité absolue du créateur de la banque, Arthur Case (Christopher Plummer) qui a fricoté avec les Allemands pendant la guerre et a ainsi bâti sa fortune. Read the rest of this entry »
Être et avoir
mars 21st, 2023Voilà un petit miracle de tendresse et de qualité, filmé dans une France qui va bientôt ne plus exister. Celle où des instituteurs bienveillants, rigoureux, sereins, tentent de transmettre à de petits enfants tout ce qui fut la gloire de notre pays. Réactionnaire le film ? Bien sûr ! Et comment ! Un maître d’école semblable à ceux qui ont forgé le siècle et demi passé en s’appliquant à donner à tous les enfants les élémentaires Être et avoir ; c’est-à-dire les bases absolues de notre commune appartenance. Dans un petit, très petit village du Puy-de-Dôme, quelques gamins qui, sans doute, succéderont à leurs parents, à la charrue et à la moissonneuse, un instituteur qui a la passion de son métier d’éveilleur. Read the rest of this entry »
96 heures
mars 19th, 2023J’ai le sentiment que tout le monde partage le point de vue que 96 heures, parti sur des chapeaux de roues, avec fièvre, tension, anxiété, montage serré, lumières sales se termine en eau de boudin, même de façon complétement ridicule. Les dernières vingt minutes font s’effondrer le jugement très positif que jusqu’alors on pouvait porter et, le mot Fin apparu sur l’écran, on est bien content que ce soit terminé, tant on se demandait jusqu’ou Frédéric Schœndœrffer allait pouvoir abîmer un film pourtant sacrément bien engagé. Read the rest of this entry »
Sherlock Holmes
mars 18th, 2023J’ai l’impression que les auteurs et le réalisateur ont instillé, pour leur jeune public, quelques exercices obligés dès que l’on évoque le magnifique détective créé par Conan Doyle : notamment la capacité de déduire, à partir de quelques traces ou indices, la nature, la profession, le cheminement de ceux devant qui il se trouve ; indices dont il va s’emparer pour démonter les certitudes et les évidences ou clouer au sol les déterminations en rase-mottes des policiers butés. Aussi sa connaissance encyclopédique de toutes les substances, machineries, complications, mécaniques de son époque ; d’ailleurs il est bien certain que Ian Fleming, en créant son personnage de James Bond s’est inspiré de la polyvalence de ce héros mélancolique, mélomane et dépressif. Read the rest of this entry »
Le sang des bêtes
mars 17th, 2023J’ai entendu dire à la radio aujourd’hui qu’il est envisagé d’interdire les tapis nappés d’une glu très forte, sur quoi on pose un appât, dispositif qui permet d’éliminer les souris. Un moyen beaucoup plus efficace que la traditionnelle tapette pour se débarrasser de ces satanés rongeurs qui infestent les appartements ; nous nous sommes réjouis, ma femme et moi, cette année passée de constater la mort de trois bestioles, la dernière il n’y a pas huit jours. Mais, naturellement, on imagine volontiers que l’animal met quelque temps de passer de vie à trépas. Donc, de lumineux amis des bêtes – de ceux qui habituellement se fichent des razzias de Boko Haram dans le Sahel, des persécutions de chrétiens aux Proche et Extrême Orient, des assassinats continuels des favelas de Rio et des braves gens du Mexique – se préoccupent du sort des rongeurs. Grand bien leur fasse. Il s’est trouvé une dame adjointe au Maire de Paris pour prier que l’on nomme surmulots les immondes rats qui ont envahi la plus belle ville du monde, le terme rat apparaissant stigmatisant.