Georges Lautner a sans discussion été le maître du cinéma de grand public du dernier tiers (et un peu plus) du dernier siècle, un peu comme Gilles Grangier quelques années auparavant. Cinéma de grand public, cinéma populaire si l’on préfère. Et rien là n’est péjoratif. D’autant que si Lautner a beaucoup tourné, sans doute un peu trop, il a réalisé quelques-uns des chefs-d’œuvre du genre, Le monocle rit jaune, Les tontons flingueurs, Flic ou voyou, par exemple… mais aussi quelques forts ratages, Le monocle noir, Quelques messieurs trop tranquilles, Joyeuses Pâques. C’est le sort des réalisateurs compulsifs, incapables de prendre le temps, tournant un ou deux films chaque année. Read the rest of this entry »
La grande sauterelle
septembre 21st, 2024La fièvre du samedi soir
septembre 17th, 2024J’imaginais, sans avoir jamais vu le film jusqu’alors que La fièvre du samedi soir (1977) était de la même eau que Grease, sorti l’année suivante, c’est-à-dire une sorte de comédie musicale disco légère et dansante, pleine de séquences virtuoses et un peu ringardes. Une histoire de collégiens adolescents qui font des bêtises guère méchantes, se chipent les jolies filles et trompent leur ennui dans les interminables bourgades des États-Unis. Ce qui est resté du film, presque cinquante ans après sa sortie, sa bande musicale et les chansons trépidantes (principalement des Bee gees) me confortait dans ce préjugé. Read the rest of this entry »
Le manuscrit trouvé à Saragosse
septembre 11th, 2024Picaresque compliqué
Assez amateur, en matière de littérature, des ces « romans à tiroirs » que Sterne (Tristam Shandy) ou Diderot (Jacques le fataliste, Le neveu de Rameau) ont institué, de manière bien séduisante, je pensais découvrir dans ce Manuscrit trouvé à Saragosse au beau titre énigmatique, un de ces bijoux rares, sans ascendance ni postérité que le cinéma recèle quelquefois.
Et puis l’exotisme d’une Espagne d’après le Siècle d’Or, qui s’assoupit, anesthésiée par les richesses des Amériques, sans se rendre compte qu’elle devient pour trois siècles la Belle Endormie de l’Europe, une Espagne contée, qui plus est par un Polonais qui a écrit, à partir de 1797, un livre foisonnant, directement en langue française, et mise en scène par un autre Polonais, tout cela satisfaisait mon goût pour un certain baroque. Read the rest of this entry »
Extase
septembre 9th, 2024Il faut bien que jeunesse se passe et que les expériences se fassent ! Dieu sait si j’apprécie le courage, la détermination de Cheyenne Carron qui, depuis près de vingt ans tourne, sans aucune aide publique, à peu près un film par an. Et le plus souvent des films construits, élaborés, tournés sans moyens, sans publicité mais qui parvient peu à peu à trouver des publics et même (pour les derniers venus) des soutiens financiers. On voit, dans cette petite niche cinématographique combien le système de production et de distribution français est biaisé, est anormal, est injuste.
Dites-lui que je l’aime
septembre 7th, 2024Le deuxième film de Claude Miller a été un échec cinglant alors que son premier, La meilleure façon de marcher avait été regardé et célébré. On se demande pourquoi il n’y a pas eu d’acceptation d’un ouvrage doté d’un scénario habile et intelligent (tiré d’un roman de Patricia Highsmith au demeurant) et très bien interprété par les alors bien jeunes Gérard Depardieu, Miou-Miou voire Dominique Laffin et par le tonitruant, surprenant, exceptionnel Claude Piéplu. Des maladresses, ici et là, une conclusion inutile, même choquante et des mystères qui fricotent et qui ne s’imposaient pas. Read the rest of this entry »
Les demoiselles ont eu 25 ans
septembre 7th, 2024La création de la ville de Rochefort a été décidée par Louis XIV afin d’y établir un arsenal maritime. Son architecture classique, rigoureuse, d’une grande beauté fière porte les traces de sa prospérité passée. Une prospérité fondée sur les activités militaires, mais aussi sur le commerce avec les Antilles et sur le grand nombre d’écoles jadis navales et aujourd’hui aéronautiques et de gendarmerie. Constellée de monuments historiques classés ou inscrits, elle est organisée autour de la place Colbert dans un plan à damier. Read the rest of this entry »
L’homme qui vendit son âme
septembre 5th, 2024Le mythe d’un pacte entre les Puissances des ténèbres et un homme à qui sont accordées jeunesse, puissance, savoir, fortune contre la cession de son âme immortelle est très ancien. L’Antiquité et le Moyen-Âge ont connu des récits ainsi inspirés mais la légende prend vraiment tournure dans le Faustbuch anonyme de 1587. Puis naturellement les deux versions (1808 et 1832) de Goethe et sans doute une grande palette de variations. Au cinéma beaucoup de titres aussi : par exemple La main du diable de Maurice Tourneur (1943), La beauté du Diable de René Clair (1950), le trop méconnu Marguerite de la nuit de Claude Autant-Lara (1955).
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Le Roi de cœur
septembre 3rd, 2024L’enthousiasme de certains amateurs pour Le Roi de cœur me stupéfait. Là où on a vu fantaisie, poésie, légèreté, magie, je n’ai trouvé que bric-à-brac idiot, ennui profond, inanité du récit et des personnages ; je n’ai de crédit que pour quelques belles images de la belle ville de Sentis et pour les thèmes musicaux de Georges Delerue. Comment se fait-il que mon point de vue, si souvent analogue à certains que j’estime soit ici tellement différent ?
La strada
septembre 2nd, 2024Découvrir le cinéma de Federico Fellini avec La Strada; parce qu’on a alors 8 ou 12 ans, le retrouver vingt-cinq ans plus tard en DVD dans la médiocre retranscription française sabotée par l’affreux René Château ; faire cela un soir de mauvaise humeur ; et de cette façon en écrire un méchant avis assez puéril ; se le reprocher parce que l’on est un être scrupuleux et exigeant ; se dire que désormais; les années passées on a suffisamment exploré le continent fellinien et que, même si on ne lui a jamais trouvé les pics et les éminences qu’on aurait espéré y déceler, on peut l’avoir apprécié de plus en plus et aussi lui trouver, grâce à La dolce Vita ou à Et vogue le navire d’immenses qualités… Read the rest of this entry »
Le roi des camelots
août 24th, 2024Ah, cher Berthomieu qui tourniez n’importe quoi, avec gaieté, légèreté, tranquillité et qui nourrissiez les salles du samedi soir avec un paquet de films où – selon l’expression archaïque et consacrée – on ne se cassait pas la nénette, merci d’avoir donné ce bien gentil Roi des camelots où on vous retrouve tout entier, où on retrouve tout entiers des gens de grand talent, Robert Lamoureux étincelant bien sûr, et Yves Deniaud mais aussi un acteur qui n’a sans doute jamais trouvé une meilleure exposition à l’écran ; vous vous demandez qui ? Mais Charles Bouillaud bien sûr, qui vous fera vous interroger mais que, en regardant son visage, vous retrouverez la silhouette… Bouillaud a bien dû apparaître dans 150 ou 200 films, quelquefois pour quelques secondes ; je ne peux imaginer ce qu’a été sa vie, sans doute parcimonieuse, à courir le cachet.