La plus grande histoire jamais contée

février 23rd, 2023

Lumière du monde.

Il y a tout, dans cette grande machinerie hollywoodienne, très bien faite et très bien composée: des moyens énormes, des figurants en nombre considérable, des décors admirablement choisis et presque l’exhaustivité des épisodes de l’Écriture. À tout moment un chrétien un peu frotté aux quatre évangiles entend, scrupuleusement retranscrites, les paroles qu’il connaît et qui font le sel de sa vie. Y’a pas à dire, il ne manque pas grand chose à George Stevens pour avoir embrassé la retranscription de l’enseignement du Christ et, à chaque instant, on se surprend à compléter soi-même les merveilles de beauté énoncées par Jésus.

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Le cinquième élément

février 21st, 2023

Images fumeuses.

À l’heure où l’on apprend que l’excellent Bruce Willis est entré dans la nuit d’une maladie dégénérative, une nuit dont on espère pour lui qu’elle ne sera pas trop longue, on est fondé à songer à ce qu’on écrira dans sa nécrologie. À mes yeux le cinéma conservera l’image de ce flic courageux et inusable qu’ont exalté Piège de cristal (1988), 58 minutes pour vivre (1990), Une journée en enfer (1995). Et peut-être Retour en enfer (2007), que je n’ai pas vu. Mais la saga de John McClane qui met en valeur un personnage de héros pas très malin mais prêt à tout pour défendre, en grognant, les belles et bonnes choses du monde est bien ancrée dans nos têtes. Read the rest of this entry »

V pour vendetta

février 17th, 2023

Le riche a la vengeance et le pauvre a la mort.” (d’Aubigné)

Je suppose que les spectateurs du film qui sont également férus de bandes dessinées pourront faire d’utiles comparaisons avec l’œuvre originale de David Lloyd et d’Alan Moore adaptée au cinéma par les frères Wachowski (paraît-il devenus, depuis quelques années, sœurs ; ne vit-on pas une époque formidable ?). Pour moi qui n’ai pas pratiqué le Huitième art depuis Tintin ou Blake et Mortimer, je ne me risquerai évidemment pas à cet exercice. Je note toutefois que, d’après Wikipédia, les auteurs de l’album n’ont pas tellement apprécié, retardant de plusieurs mois la sortie sur les écrans de V pour vendetta ; cela parce que le film avait atténué le caractère anarchiste de la BD. Read the rest of this entry »

Tout pour l’oseille

février 16th, 2023

À côté de la plaque.

Rien n’est plus difficile que de réaliser un film burlesque, enlevé, fantaisiste. Un film où se côtoient plusieurs histoires ; un film de pieds nickelés qui se lancent follement dans une entreprise aussi folle : un hold-up de petits marginaux inconscients. C’est très difficile : il faut de l’ingéniosité, de l’inventivité, un sens très fort des situations cocasses ; et aussi du rythme, du rythme, du rythme. Comme les meilleures pièces de boulevard – celles d’Eugène Labiche ou de Georges Feydeau (rien moins !), nécessité d’une horlogerie très précise, très méticuleusement montée où la bouffonnerie peut n’être pas absente, mais doit être employée avec précaution.

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Elvira Madigan

février 13th, 2023

Marche tranquille vers l’abîme.

Une fois que l’on a dit que l’actrice principale, Pia Degermark, est belle à damner un saint qui apprécierait le genre vaporeux blond suédois (ce n’est pas mon cas mais je sais tout de même reconnaître les belles plantes), que la photographie est réussie et que le sujet est singulier, il me semble qu’on a fait le tour du film de Bo Widerberg. Parce que ressasser jusqu’à la lassitude de belles mélodies de MM. Mozart (Wolgang Amadeus) et Vivaldi (Antonio) qui sont prises, reprises et recommencées sans trêve ni variété tout au long de 90 minutes ne m’a pas paru une bien bonne idée ; si l’on veut présenter dans un film de la musique classique, il faut savoir suivre la piste de Stanley Kubrick qui dans Barry Lyndon utilise les partitions de huit compositeurs. Read the rest of this entry »

La nouvelle Ève

février 8th, 2023

Tête à claques.

Ben voilà, c’est ça la vie d’aujourd’hui. Et quand j’écris ça, je dois me pincer pour me rappeler que le film date du siècle dernier, à son ultime versant, il est vrai : 1999. Mais moi qui suis du mitan de ce millénaire passé, je vois avec effarement combien la destruction voulue, systématique, intelligemment menée de toutes les traditions, les bornes, les limites et les valeurs d’antan, a donné. Et ce n’est pas joli, joli. Et ça produit des vies ravagées, sabotées, accablées ; tout ça grâce à des libertés dont peu profitent et qui, d’ailleurs donnent moins d’élans qu’elles ne retirent de force. Read the rest of this entry »

Le voyage de la peur

février 8th, 2023

Presque mortelle randonnée.

D’emblée, on ne sait pas qui sont les personnages que l’on va suivre dans ce voyage d’une rare efficacité dramatique. Le film commence à grande vitesse et ne cesse d’accélérer jusqu’à son dénouement, sans pourtant faire appel à des effets de suspense qu’il aurait été facile d’introduire (par exemple une scène où la police serait à deux doigts d’intervenir avec succès). Réellement le spectateur est embarqué avec ces trois hommes qui roulent sans fin sur les immenses paysages arides du Mexique : le tueur et ses deux otages, embarqués dans la même galère, qui semblent tous les trois, d’ailleurs, incapables de s’en sortir. Il paraît que le film est adapté de faits réels ; sans doute et c’est peut-être ce qui donne à la brève (71 minutes) réalisation d’Ida Lupino ce fort caractère de véracité, d’authenticité. Read the rest of this entry »

Bigamie

février 7th, 2023

Les désastres de l’amour.

Intéressant bref mélodrame qui a le bon esprit de laisser derrière lui un paysage dévasté, plein d’amertume et, si l’on marche dans le côté sentimental, triste à pleurer. Un beau gâchis qui ne fait que des malheureux, à la suite d’une succession de malchances, de hasards, de mauvaises dispositions des choses, alors qu’elles auraient pu à peu près trouver un équilibre. Un équilibre mal fichu sans doute, un équilibre sûrement plein d’ambiguïtés et d’insatisfactions ; mais tout équilibre est meilleur qu’un chaos anarchiste. Rien à voir avec le discours de gaudriole que peut appeler le sujet (Le bigame de Luciano Emmer avec Marcello Mastroianni en 1956). Read the rest of this entry »

L’arnacoeur

février 5th, 2023

Quelle bonne surprise… mais…

Mais quel dommage que le dernier quart d’heure soit un désastre, un supplice, une catastrophe ! Quel dommage que le réalisateur, Pascal Chaumeil, qui a tourné un film plein de drôlerie, de fantaisie, de délicieuses invraisemblances ait cru devoir le terminer par un happy end gnangnan qu’il aurait été tellement préférable de gommer, en décontenançant complétement le spectateur ! Ce que savaient si bien faire les cinéastes de la comédie italienne, conclure par la catastrophe (Le fanfaron) ou l’amertume (Parfum de femme) ou la dérision (Le pigeon)… Pourquoi n’avoir pas osé ? Pourquoi, après avoir été allègre, sarcastique, moqueur, élégant, a-t-il cru devoir tomber dans le consensuel mou si prévisible, si attendu, si banal ? Read the rest of this entry »

Tueurs de dames

février 4th, 2023

Il suffit  d’un grain de sable.

Du temps où le cinéma britannique n’avait pas été (presque) absorbé par les gloutons d’Hollywood, il offrait une petite musique originale, délicieuse, surannée. Car, il n’y a pas à dire, l’Angleterre, c’est vraiment un autre monde, un pays presque exotique, stupéfiant, doté de mœurs et de coutumes invraisemblables et charmantes. C’était encore plus vrai au lendemain de la victoire de 1945 où le Royaume imaginait avoir gagné la guerre sans se rendre compte que dans l’ardeur du combat il avait été blessé à mort. Remarquez, c’est exactement ce que pensait la France en 1919, ne voulant pas voir qu’elle avait été saignée à blanc et que son Empire allait s’effilocher. Cou coupé court toujours (Béatrix Beck). Read the rest of this entry »