The artist

février 3rd, 2023

Sans épine et sans parfum.

J’ai longuement boudé The artist pour une raison un peu puérile : il m’agaçait que l‘Oscar du meilleur film étranger ait été attribué, en 2012, à un film qui n’a absolument rien de français. À part le réalisateur, Michel Hazanavicius, une partie de l’équipe technique et les deux acteurs principaux, Jean Dujardin et Bérénice Béjo. Vous me direz que ce n’est pas rien, vous aurez bien raison, mais je vous rétorquerai sans peine que c’est tellement américanisé que placer une étiquette française là-dessus est assez gonflé. Davantage même que lorsque Le cinquième élément de Luc Besson est attribué à notre pays, alors que c’est une daube cosmopolite. Read the rest of this entry »

Le diable s’habille en Prada

janvier 31st, 2023

Tout ça n’vaut pas l’amour !

Si ce n’était la fin melliflue, gnagnanesque, peinte en caramel mou et radicalement antagonique de tout l’esprit du film, je donnerais bien à ce Diable (qui) s’habille en Prada une note élogieuse, parce qu’il me semble qu’il fouille assez bien et assez à vif des territoires à la fois répugnants, éclairants et même éblouissants. Des territoires qui se situent très au delà de ce que vit la plus grande partie de notre population mais qui existent, prospèrent, emplissent les rêves de bon nombre et la réalité d’un certain nombre de privilégiés vivant une existence épuisante et grisante. Au prix de beaucoup de choses, il est vrai, leur équilibre personnel et sentimental, leur santé, leur indépendance mentale et un tas d’autres choses.

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Étreintes brisées

janvier 29th, 2023

Voilà pourquoi ton père est aveugle.

C’est bien toujours un peu pareil avec Pedro Almodovar,dont je ne suis pas très connaisseur mais qui me semble tourner un cinéma immuable : pictural et pittoresque sur la forme, picaresque et très sexualisé sur le fond. Ce qui n’est pas désagréable, d’ailleurs : on ne s’ennuie pas dans les fils de l’Espagnol ; mais on n’est jamais absolument emballé. Et l’extrême sophistication des histoires contées entraîne parallèlement, il me semble, l’oubli assez rapide de leurs ramifications et de leurs invraisemblances.

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Vaincre ou mourir

janvier 26th, 2023

Nous n’avons pas besoin de héros, évidemment.

L’incroyable concert de haine qui, depuis quelques jours, s’est fait entendre dans toute la presse sérieuse ne peut qu’éveiller l’intérêt de ceux qui ne sont pas tout à fait tombés dans la bien-pensance. Lorsque Libération consacre la couverture et trois de ses pages à agonir, abominer, exécuter un film, lorsque TéléramaMédiapartÉcran large ou même l’anodin Première crachent des torrents d’insultes et paraissent considérer Vaincre ou mourir comme un avatar (en pire !) de Mein Kampf, c’est assurément qu’il y a quelque chose à voir. Conçu comme une adaptation du spectacle Le dernier panache, présenté depuis 2016 au parc d’attraction du Puy du Fou devant 12 millions de spectateurs, le film relate l’histoire folle et enthousiasmante de François-Athanase Charette de la Contrie, un des chefs les plus emblématiques de la rébellion vendéenne, un des plus fascinants. Read the rest of this entry »

Harvey Milk

janvier 22nd, 2023

Bons baisers de San Francisco.

À l’heure où le combat d’Harvey Milk pour la visibilité homosexuelle apparaît aussi gagné et daté que le droit de vote des femmes, la réalisation assez scolaire du film de Gus van Sant m’a paru assez lourde, appliquée, languissante. Et pourtant dotée d’évidentes qualités, notamment d’interprétation. Mais je crois que pour apprécier pleinement le récit, il faut être bien informé – ou s’intéresser vivement – aux systèmes judiciaire, électoral, politique des États-Unis avec des particularités qui nous semblent inimaginables dans notre vieille Europe. Et plus encore aux combats menés dans une atmosphère agressive et souvent très violente pour abolir des lois discriminatoires. Read the rest of this entry »

Munich

janvier 21st, 2023

Et on tuera tous les affreux…

Il me semble que plusieurs des commentateurs du film de Steven Spielberg ont été fortement choqués par la dimension vengeresse du film. Celle qui pousse Golda Meir (ici Lynn Cohen), Premier ministre d’Israël à décider que pour venger l’assassinat de onze membres de la délégation du pays aux Jeux olympiques de Munich, en 1972, onze cadres ou inspirateurs de Septembre noir, l’organisation terroriste palestinienne, seront poursuivis et exécutés. Cela afin que le monde entier sache que désormais les Juifs ne se laisseront plus tuer sans répondre.

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Le spectre du professeur Hichcock

janvier 19th, 2023

Le malheur dans le crime.

Déjà, précisons les choses : Le spectre du professeur Hichcock (1963) n’est pas vraiment la suite de L’effroyable secret du docteur Hichcock, sorti sur les écrans l’année précédente, mais une sorte de réécriture, comme une variation sur le même thème. Thème bien connu du savant fou qui prétend bouleverser la nature des choses, se présente en Prométhée arrogant devant la réalité du monde, se définit comme un démiurge capable de la dompter. Toutes les créatures de Frankenstein créées depuis Mary Shelley et sûrement auparavant se définissent, menton orgueilleusement dardé, en auxiliaires de la Création. Comme la mesure d’eux-mêmes. Read the rest of this entry »

Dark waters

janvier 17th, 2023

On ne nous dit pas tout.

Voilà un film militant, engagé, résolument agressif vis-à-vis des agissements des multinationales et du capitalisme monopoliste ; un film qui montre un citoyen, avocat associé d’un grand cabinet de conseil, mais n’est guère plus engagé que vous et moi. Un type plutôt tranquille et intégré, qui se dresse contre la fortune anonyme et vagabonde et parvient avec une belle forme d’héroïsme à claquer la figure d’une entreprise aussi importante que la chimique DuPont de Nemours. Un paladin à la fois médiocre et obstiné qui a pour lui une sacrée foi dans l’honnêteté et l’effroi devant le mépris que les grandes entreprises nourrissent pour les pauvres, les minables, les gens de peu. Donc pour beaucoup de monde. Read the rest of this entry »

Fantasia chez les ploucs

janvier 15th, 2023

Au dessous de zéro.

Non, non, c’est épouvantable, c’est affligeant, c’est minable, c’est ridicule, c’est pitoyable. C’est même indécent. Et quand j’écris cela, ce n’est évidemment pas pour critiquer la tenue minimale de Mireille Darc, qui ne l’est d’ailleurs pas tant que cela et qu’on aurait au contraire aimé admirer plus souvent et plus franchement. Car montrer une strip-teaseuse déshabillée, ce n’est tout de même pas un exploit et exhiber le corps de la délicieuse Mireille, ça n’a jamais été rare. Tous les amateurs de beautés vives, souriantes, gracieuses, gaies, intelligentes, narquoises, appétissantes et des tas d’autres choses encore me comprendront. Read the rest of this entry »

Chercheuses d’or de 1933

janvier 13th, 2023

Digue, digue, dong.

J’ai été plutôt déçu – mais il est vrai que je m’attendais à beaucoup, beaucoup mieux, de bien plus nombreux numéros de cabaret – par Chercheuses d’or de 1933. Et cela alors que le genre féerique, léger, superficiel, presque onirique de ces grands plateaux de music-hall peuplés d’une ribambelle de jolies filles sagement dévêtues est de ceux qui m’enchantent. En fait, c’est seulement un peu mieux que les deux films de Robert Z. Leonard, c’est-à-dire Le grand Ziegfeld et La danseuse des folies Ziegfeld. Mais ça souffre de plusieurs défauts, notamment la médiocre qualité de la musique due à Harry Warren. Read the rest of this entry »