Le port des passions

janvier 6th, 2023

Le goût du pétrole.

Ah, que c’est agréable de voir les bouseux ennemis du progrès humiliés jusqu’au tréfonds par les artisans de progrès ! Les mêmes bouseux qui, grâce à l’action intense, déterminée, courageuse des aventuriers du pétrole découvriront, niais et ridicules, que leurs crevettes dorées (dont ils cherchaient le gisement) s’ébattent précisément à la proximité du forage qui va apporter la prospérité à la petite bourgade endormie ! Ah oui, c’est bon de voir les billevesées écologistes aussi ridiculisées et reléguées aux rangs archaïques ! Presque aussi bon que de voir – enfin ! – nos gouvernements se diriger, sans gêne ni ridicule, vers la promotion de l’énergie nucléaire qui, grâce à la prochaine utilisation de la fusion nous assurera une énergie infinie et presque gratuite !

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Nuits blanches à Seattle

janvier 3rd, 2023

Comédie pluvieuse.

Rituellement, à l’issue du journal télévisé de 13 heures, TF1 propose aux spectateurs une comédie (romantique, ou dramatique ou policière : peu importe : c’est le même gloubi-glouba). C’est à ce moment là que, forcément, je change de chaîne. Je suppose que si j’étais assidu de ces monuments de pâtisserie plutôt écœurante, je trouverais dans la masse proposée à l’attention des vieillards qui, comme moi, sont à la limite de la sieste digestive, je trouverais, donc, quelque chose d’un peu analogue à Nuits blanches à Seattle. Le mélange niais d’un sujet tragique larmoyant et d’une histoire amoureuse cousue d’une multitude de fils blancs. Read the rest of this entry »

Punch-Drunk love (Ivre d’amour)

décembre 31st, 2022

Nous ne sommes pas des anges.

Je sais bien que Paul Thomas Anderson est aujourd’hui révéré comme un des meilleurs réalisateurs de notre siècle (qui, soit dit en passant, commence à avoir un peu de bouteille : plus de son cinquième, près de son quart). Un réalisateur dont je n’ai pas vu grand chose et dont le peu que j’ai vu ne m’a pas ébloui : There will be blood plutôt bien mais éparpillé, anarchique, sans cohérence, et même assez souvent ennuyeux. Magnolia foutraque, dispersé, niais ; il est vrai que ce gros gâteau torturé dure plus de trois heures. Avec Punch-Drunk love, le réalisateur est revenu à des durées plus convenables : 97 minutes en comptant un interminable générique final. Read the rest of this entry »

God’s pocket

décembre 28th, 2022

Crasseux bazar de Philadelphie.

Un film court, nerveux, rythmé qui pose d’emblée clairement les lieux et les personnages. God’s pocket est un quartier très pourri de Philadelphie. Philadelphie provisoire capitale des balbutiants États-Unis, Philadelphie qui fut prospère, mais dont le centre a été au fil des années abandonné par les classes moyennes fuyant la gangsterisation (plus de 400 homicides annuels ; avec ses 33 morts en 2022, Marseille joue très petit bras, non ?). Donc God’s country quartier minable, sali, rouillé et crasseux, très crasseux. Et habitants de la même nature, qui chapardent, trafiquent, se soûlent consciencieusement, n’essayent même plus de s’en sortir. Simplement de survivre au jour le jour en sachant bien que, sauf miracle qu’on n’attend même plus, la vie sera au moins aussi pourrie demain qu’hier. Read the rest of this entry »

Salé sucré

décembre 27th, 2022

Salé, sucré, Affiche, version restaurée

Un peu mélo, mais…

Drôle d’idée d’aller regarder un film de Taïwan, cette île où jadis se réfugièrent les partisans de Tchang Kaï chek, après la défaite subie en 1949 par les armées de Mao Tsé tung. Une île de Chine, aussi pluvieuse et aussi moche que l’on imagine. Un peu moins crasseuse, seulement, parce que les Étasuniens, qui soutiennent avec force la fiction d’une Chine qui ne l’est pas tout à fait, veulent montrer au monde quelque chose de ripoliné et de présentable. Une fausse Chine, libéralisée avant l’autre, où les jeunes gens, quelques décennies avant ceux du Continent, sont partis faire des études dans les grandes universités mondiales, Harvard ou Yale, avant de revenir faire du fric dans leur île provisoirement ouverte. Read the rest of this entry »

20000 lieues sous les mers

décembre 26th, 2022

« Homme libre toujours tu chériras la mer… »

Si l’on a dix ou onze ans, ou un peu plus, ou un peu moins, on se régalera de 20000 lieues sous les mers, parce que c’est rythmé, rapide, clair, angoissant et gratifiant tout à la fois, parce que ça fonctionne bien. Comme fonctionnaient toutes les belles machines hollywoodiennes de nos années adolescentes. Car si on a soixante-dix ans, ou davantage, un peu moins, un peu plus, on se régalera de retrouver un film parfaitement semblable au souvenir qu’on pouvait en avoir : exotisme, féerie, angoisse, hauteur de vue, explorations sous-marines, dévouement absolu au chef mystérieux, anéantissement très noble et très bien consenti de tous ceux qui ont suivi ce chef. Read the rest of this entry »

Funny girl

décembre 23rd, 2022

Délicieusement filmé et interminable.

C’est un film absolument interminable, à la célébration exclusive de Barbra Streisand, qui est bien oubliée, me semble-t-il, aujourd’hui, mais qui fut une immense vedette mondiale, à la scène et à l’écran. Un étrange visage au nez trop fort, mais qui ne manque pas de charme, pas plus que l’actrice ne manque d’abattage et de talent. Dans ce spectacle fastueux qui a été réalisé avec d’importants moyens par William Wyler, l’actrice occupe tout l’espace, et l’occupe sans doute un peu trop, malgré la qualité des autres interprètes, Omar Sharif et Walter Pidgeon essentiellement.

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On connaît la chanson

décembre 19th, 2022

Gros malins.

Je ne sais pas qui a eu l’idée la plus idiote de l’histoire du cinéma français : faire intervenir quelques mesures de chansons notoires, de nombreuses époques, de plusieurs esprits, de multiples interprètes dans ce qui aurait pu être une excellente, voire brillante comédie de mœurs. Une de ces comédies qui scrutent, examinent, décortiquent, s’amusent des comportements d’un petit milieu guère défavorisé qui s’agite au milieu des marasmes, troubles, angoisses, dépressions qui sont le lot commun. Read the rest of this entry »

Scarface

décembre 17th, 2022

La résistible ascension de Tony Camonte.

Je n’ai regardé l’hommage que Brian De Palma a rendu, en 1986, au film initial, le Scarface de  Howard Hawks, qu’il y a sept ans et je découvre aujourd’hui le film assez mythique qui a eu tant et tant de retentissement. Et j’en suis, sinon déçu, du moins un peu dépité, tant l’original m’aura paru bien inférieur à son brillant remake. Il n’est pas impossible que mes réticences ne soient dues qu’à ma méconnaissance du cinéma étasunien du début des Années 30 et à mon indifférence pour cette ridicule période de la prohibition, vertueuse protestante tentative de modifier, en la punissant, la nature humaine. Exactement ce que cherchent aujourd’hui à accomplir écologistes, wokistes et autres empêcheurs de profiter des si rares plaisirs de la vie. Read the rest of this entry »

Illusions perdues

décembre 15th, 2022

Splendeurs et misères de la vie conjugale.

Voilà bien le genre de films que l’on n’oserait plus tourner aujourd’hui. Les harpies féministes hystériques se posteraient devant les écrans et les déchiquetteraient rageusement, tant l’histoire de Jill Baker (Merle Oberon) est celle d’une gourde à l’esprit faible et à la tête vide qui se jette sottement dans l’aventure. Il n’y a pas à dire, Emma Bovary n’a manqué ni de modèles ni d’imitatrices. Comme les thèmes éternels ne sont pas légion et que, en quelque sorte, les auteurs ne font que broder et rebroder un tissu solide, classique, convenu, on peut s’amuser de retrouver ici et là des orientations, des clins d’œil, des allusions. Voilà qui suffit à amuser le lecteur ou le spectateur qui a un peu ou, mieux, beaucoup de bouteille.

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