Novembre

décembre 10th, 2022

La mort aux trousses.

Mettons tout de suite les choses au point pour les zigotos qui ignoreraient que le film de Cédric Jimenez décrit avec un grand souci d’exactitude les quatre journées qui ont suivi les attentats du 13 novembre 2015. Et rappelons, au cas où il y aurait ici des Martiens, qui n’auraient jamais entendu parler des vicissitudes de notre France, que le 13 novembre est la date des massacres perpétrés par des islamistes fanatiques au stade de France, au Bataclan et sur les terrasses de plusieurs cafés des 10ème et 11ème arrondissements. 132 morts, 500 blessés, des milliers de personnes traumatisées, effarées, épouvantées par la folie furieuse d’une violence inimaginable contre ce que les assassins appellent Infidèles ou Croisés. Vous et moi peut-on dire. Read the rest of this entry »

Femmes au bord de la crise de nerfs

décembre 8th, 2022

Hôtel du libre-échange.

Il y a du talent, dans le cinéma de Pedro Almodovar, mais c’est un talent superficiel, c’est-à-dire, à proprement parler, un talent qui reste à la surface des choses. De l’animation, certes, du rythme et des couleurs, des histoires un peu folles, assez originales pour amuser, sinon intéresser vraiment le spectateur, des actrices bien mises en valeur, des péripéties singulières, ambiguës, originales mais finalement assez vaines. On ne pénètre jamais au cœur des personnages, qui sont des marionnettes banales : elles sont posées dans un décor plutôt douteux, sans qu’on sache jamais ni pourquoi ni comment elles s’y sont mises et on les voit se débattre en agitant leurs petits bras au milieu du marécage où elles s’enfoncent. Read the rest of this entry »

La fille du marais

décembre 6th, 2022

Mélodrame sans spiritualité.

La sainteté, tout le monde vous le dira, c’est très difficile non pas seulement à vivre, mais même à faire ressentir. Il y a quelques miracles de spiritualité (évidemment Thérèse d’Alain Cavalier) mais la plupart du temps c’est sur le terreau de vies presque légendaires (tous les péplums qui présentent les débuts du christianisme, du type Quo vadis ? de Mervyn LeRoy)ou celui d’une existence bien connue, qui a laissé de grandes traces dans la culture religieuse populaire. Par exemple Le chant de Bernadette d’Henry King ou Monsieur Vincent de Maurice Cloche. Read the rest of this entry »

L’île

décembre 4th, 2022

Le lichen et la bruyère.

Un film russe. C’est-à-dire excessif, outré, quelquefois grandiloquent, attachant, souvent sublime. Sans qu’il y ait aucun rapport entre les deux histoires et les deux cinéastes, j’ai de temps en temps songé, en regardant L’île de Pavel Lounguine au Barbier de Sibérie de Nikita Mikhalkov. Aucun rapport, si ce n’est celui de l’âme russe que seuls les Français, en Occident, parviennent – rarement, d’ailleurs – à saisir et à aimer. Comment expliquer cela au demeurant ? Une drôle de transmission de pensée, une façon de ne pas regarder le monde comme une usine à faire du fric, mais comme une multiple splendeur divine. Read the rest of this entry »

Sin city

décembre 3rd, 2022

D’où viens-tu Johnny ?

La virtuosité technique, à base d’effets spéciaux, de coloriages malins sur un fond tourné en Noir et Blanc, le maniement hystérique de la caméra, à base de zooms frénétiques ne suffisent pas – loin de là !- à donner à ce film d’une violence extrême la moindre structure. D’autant qu’il est ennuyeux au possible, joué par des acteurs honorables, certes, mais qui interprètent des personnages idiots, bas du plafond, qui ne sont préoccupés que de violence anomique et de sexe et d’une durée très excessive : plus de deux heures pour voir, à chaque séquence, à peu près le même condensé fou furieux, sadique, ennuyeux, c’est beaucoup trop, assurément. Read the rest of this entry »

Nazarin

novembre 29th, 2022

Humilié et offensé.

Le propos de Luis Bunuel est, comme toujours d’une grande complexité. d’une grande ambiguïté, même. Et il n’est jamais exempt de contradictions internes.

En présentant le pauvre prêtre Nazario (Francisco Rabal) comme pleinement disciple de l’enseignement du Christ, parallèlement en le montrant, dans sa démarche, continuellement victime et perturbateur de l’ordre social, il pense marquer une fois de plus son anticléricalisme farouche. C’est là qu’il se bute à la réalité. Read the rest of this entry »

Deux sous d’espoir

novembre 27th, 2022

Tarentelle napolitaine.

Comme il est intéressant, ce film dont j’ignorais tout, alors qu’il reçut la Palme d’Or du festival de Cannes en 1951 ! Ce n’est évidemment pas là un label de qualité, mais un signe qu’il a retenu, quelque temps, l’attention de la critique. 1951, c’est, peut-on dire l’âge d’or du néo-réalisme, cette invention italienne d’un cinéma joué en direct, qui montre la vie quotidienne, le plus souvent vécue avec des acteurs improvisés, qui ne raconte pas des histoires rutilantes mais la banalité de la vie, qui montre la pauvreté, la lèpre des villes et des villages, des maisons et des gens. Rien de féérique, rien qui extraie le spectateur de sa vie quotidienne. Read the rest of this entry »

Terreur sur la ligne

novembre 25th, 2022

C’est du cinéma !

Voilà un bon petit film de tension assez classique, bien ficelé, bien interprété, doté d’une musique de qualité (stridente, hachée, violente), un film qui présente quelques séquences angoissantes haletantes mais qui, finalement, vogue de manière assez plon-plon. Je veux dire par là qu’il est extrêmement prévisible, qu’il n’ouvre pas les yeux sur des abîmes épouvantables et, surtout, qu’il se conclut sur la victoire évidente du Bien sur le Mal. On pourra toujours me dire que le meurtrier criminel, Curt Duncan (Tony Beckley) est un malheureux psychopathe qui ne maîtrise pas ses pulsions homicides, qu’il n’est donc, finalement, pas si coupable que ça et que, donc, ce pauvre malade ne mérite pas d’être abattu à la fin du film par le bras vengeur du détective privé John Clifford (Charles Durning). Read the rest of this entry »

Lettre d’Alain Cavalier

novembre 24th, 2022

Épure.

Un peu moins d’un quart d’heure, une mise en scène minimale pour tenter de montrer comment Alain Cavalier s’est attelé à l’écriture de son immense chef-d’oeuvre, Thérèse, évidemment, ce film qui met en scène la Grâce. La Grâce, tout simplement ; peu de rapport avec l’allure, la beauté, la délicatesse, l’élégance. Beaucoup plus fortement ce qui dispose certains d’entre nous à viser plus haut ou, si l’on veut viser davantage. Un truc que nous ne sommes pas vraiment à même de concevoir, moins encore de comprendre. Un chemin direct vers un Ailleurs. Un chemin qu’on peut ne pas suivre, ne pas avoir envie d’emprunter, ni même d’apercevoir, mais qui brûle certains.

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Reste un peu

novembre 21st, 2022

La longue route.

Comment penser que Gad Elmaleh, qui a naguère réalisé deux des plus mauvais films du siècle, Chouchou (2003) et Coco (2009) ait pu tourner Reste un peu, une des plus subtiles, les plus intelligentes illustrations du chemin difficile vers la Foi et la conversion ? Il faut croire que la hauteur du support change les choses. De la simple retranscription largement étirée de ses sketches (par ailleurs souvent excellents et hilarants), voilà que l’on entre dans un lourd mystère : comment un homme élevé dans une famille séfarade particulièrement pratiquante et très attachée à son identité juive peut-il envisager de se convertir ? Et comment peut-il annoncer cette décision à une famille qui prend cela comme une trahison, presque une abomination ? Read the rest of this entry »