L’Amore

novembre 19th, 2022

À la gloire d’Anna.

Il faudrait se pencher avec précision sur les coulisses intimes du cinéma pour en être certain ; mais je me demande bien si Amore n’est pas, en quelque sorte, le cadeau d’adieu que Roberto Rossellini offrait à Anna Magnani avant de la plaquer pour aller vivre avec Ingrid Bergman qui, pour lui, abandonna mari et enfant. Le réalisateur, qui disait ne pas aimer les acteurs, offrit pourtant à ses deux compagnes des rôles éclatants, la première dans Rome ville ouverte, la seconde dans StromboliEurope 51Voyage en Italie. Quatre chefs-d’œuvre ou presque, en tout cas des films qui laissent une trace très durable dans la mémoire.

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Le secret magnifique

novembre 18th, 2022

Lacrymalissime.

Il paraît que des réalisateurs aussi différents que Pascal ThomasMaurice Pialat et même le hideux Jean-Luc Godard attachaient de l’importance au cinéma de Douglas Sirk et même, pour certains, lui vouaient une adulation singulière. Pour quelles raisons ? Le sens de l’espace, le choix des couleurs (très ou trop chatoyantes), le rythme supposé des films qui fait alterner séquences vives, voire brutales et longues plages plus calmes. De fait, je ne dis pas le contraire : Douglas Sirk est assurément un cinéaste de grande qualité technique, sachant bâtir un spectacle qui, visuellement, en met plein les yeux, dans des nuances colorées qui font songer aux belles (!!!) boîtes de chocolats qui font florès aux moments de Noël et du Jour de l’An et émerveillent les âmes simples.

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Un homme pour l’éternité

novembre 14th, 2022

Devant la porte sombre.

Mais que pourrait-on reprocher à un film qui porte un si beau titre et qui est consacré à un homme de telle qualité ? Peut-être – mais ce n’est pas vraiment un défaut pour moi – d’être un peu guindé, un peu hautain, de demander au spectateur un certain goût pour l’austérité et pour des querelles juridico-théologiques qui peuvent paraître dérisoires aux crétins décérébrés, mais qui ont fortement modelé notre civilisation, son intelligence et ses subtilités. Certes Un homme pour l’éternité est long, lent, grave, se refuse presque toujours aux facilités spectaculaires mais porte haut la grande beauté de l’honneur de l’Homme. Read the rest of this entry »

Conversation secrète

novembre 11th, 2022

La face d’ombre du monde.

Je ne suis pas si obtus, si buté, pas si mauvais bougre que ça. La meilleure preuve c’est qu’après m’être endormi naguère devant Conversation secrète, je me suis courageusement replongé dans un film que j’avais jugé obscur et emberlificoté. Il est vrai qu’à la deuxième vision, je l’ai trouvé tout autant obscur et emberlificoté, mais sans doute étais-je moins pompette et ai-je pu apprécier davantage la maîtrise dérangeante de Francis Ford Coppola, sa faculté à mettre en scène un monde gênant, empli de faux-semblants, de pistes troubles, de secrets absurdes, de non-dits et de tout le tremblement. On a pu mettre en parallèle ce film et le très médiocre Blow-up de l’ennuyeux Antonioni. Il y a un peu de ça, mais je songe aussi au film d’un bien plus grand réalisateur, Le locataire de Roman Polanski. Read the rest of this entry »

Le grand restaurant

novembre 11th, 2022

Voilà un grand mystère…

À mes yeux qui, il est vrai, n’ont pas beaucoup de sympathie pour les outrances de Louis de Funès (à part le premier Gendarme de Saint-Tropez et, bien entendu, quelques scènes irrésistibles piquées ici et là, lorsque l’acteur n’était qu’une silhouette de complément) à mes yeux donc, Le grand restaurant est un des pires pensums qui se puissent, ridicules, estropiés, misérables, tous voués à la célébration enamourée de l’acteur. Read the rest of this entry »

La chambre du fils

novembre 8th, 2022

Ça n’arrive qu’aux autres.

J’ai mis du temps à entrer dans le cinéma de Nanni Moretti. Un très mauvais jugement pour Bianca, trouvé nombriliste, verbeux, ennuyeux. Mais tout de suite après un grand intérêt pour La messe est finie puis pour La cosa (film réservé à ceux qui s’intéressent aux carabistouilles du Parti communiste italien). Et là, cette émotion de La chambre du fils. Je ne suis pas persuadé que le réalisateur regorge de talent, mais en tout cas il sait frapper là où ça fait mal. Ce qui n’est pas si fréquent dans le monde du cinéma moderne, standardisé, formaté, ennuyeux, nourri des ukases du politiquement correct, de la conformité aux larges émotions habituelles emplies du moralisme de notre temps. Read the rest of this entry »

Trois hommes et un couffin

novembre 6th, 2022

Le cinéma plon-plon.

Voilà un film qui rencontra un succès public gigantesque (plus de dix millions d’entrées, un score parmi les dix ou quinze plus importants jamais enregistrés ; le trentième : ça laisse pantois). C’est un de ces succès qui ne s’expliquent pas, qui se bâtissent sur des publics qui habituellement ne vont pas au cinéma et qui, en même temps y affluent grâce à cet étrange phénomène du bouche à oreille. Franchement la meilleure et la plus certaine des publicités, le plus remarquable des marketings qu’on ait jamais trouvés. Il est bien vrai que l’idée de base ne manque pas de structure, qu’elle est originale et amusante et que Coline Serreau, la réalisatrice en sait tirer au moins au début, les meilleurs aspects. Read the rest of this entry »

La corruption

novembre 3rd, 2022

L’adolescent désemparé.

Première fois que je regardais un film de Mauro Bolognini, cinéaste dont j’avais à peine entendu parler mais qui paraît avoir eu, jadis, une certaine notoriété et qui me semble être intéressant sans qu’il atteigne les sommets des grands réalisateurs d’Italie RosselliniDe SicaRisiMonicelliComencini,  Ce n’est pas mal du tout, une belle ouvrage bien interprétée, bien mise en musique, assez brève pour ne pas trop se distendre dans la banalité. Scénario un peu simpliste, un peu manichéen, surtout un peu trop prévisible. Un film pour grandes consciences heurtées (ou faisant mine de l’être) par le choc abyssal entre les beaux idéaux et la vilaine réalité.

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La loi du silence

novembre 3rd, 2022

Mélodrame nigaud.

J’en suis toujours à me demander ce que le monde du cinéma a bien pu trouver à Alfred Hitchcock pour le placer sur une telle éminence cinématographique et faire de ce réalisateur banal et débonnaire une des lumières du Septième Art. Plutôt plus limité que Gilles Grangier ou Georges Lautner il bénéficie d’adulations invraisemblables pour son cinéma bien souvent routinier et ce n’est pas grâce à quelques films assez réussis (La mort aux troussesPsychoseFrenzy) qu’il survivra pour la postérité. Écrivant cela je me rends compte que le gros homme est mort il y a plus de quarante ans et que son aura ne paraît pas décliner. Quelle pitié ! Read the rest of this entry »

Simone, le voyage du siècle

octobre 31st, 2022

Pitchi poï.

Il est assez difficile de réussir une hagiographie, un film où une figure admirable est placée au premier plan, célébrée, adulée, contemplée sans beaucoup d’épaisseur critique. Mais il est certain que si, dans les derniers temps du 20ème siècle, une figure s’est imposée comme une sorte de modèle éclatant, c’est bien celle de Simone Veil. Dans la salle de cinéma où ma femme et moi avons vu le film d’Olivier Dahan, tout à l’heure, il y avait, conduites par leurs vigilantes mamans, des petites filles à qui l’on pensait pouvoir montrer et donner comme exemple quelqu’un qui, de toute sa vie, n’avait jamais failli. Et qui, de toute sa longue existence compliquée, n’avait jamais montré qu’ouverture, intelligence, force d’âme, puissance intellectuelle… Bref quelqu’un qui était, d’une certaine façon, la Jeanne d’Arc du siècle denier, une figure stupéfiante et insurpassable.

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