Il faut bien que jeunesse se passe et que les débutants débutent, c’est un fait. Mais faut-il, lorsqu’on est auteur, conserver les brouillons, les esquisses, les ébauches, les maquettes que, sans savoir trop où aller, on a conservé, dans une sorte de tendresse sur soi qui confine à l’apitoiement ? Il y a plein d’éditions savantes qui, la gloire venue, vont aller chercher jusqu’aux balbutiements, les prémisses – souvent médiocres – d’auteurs révérés ; c’est ce que fait, par exemple, avec Gustave Flaubert la révérée Bibliothèque de La Pléiade qui publie aujourd’hui en cinq volumes toute l’œuvre romanesque de l’ennuyeux Normand, alors que dans les deux tomes de jadis, ça suffisait amplement. Read the rest of this entry »
Saute la ville
juillet 25th, 2022Deux ou trois choses que je sais d’elle
juillet 23rd, 2022Voilà plus d’un demi-siècle que Jean-Luc Godard a abandonné le cinéma ; je veux dire le cinéma que les gens normaux regardent et qui passe dans des salles qui ont pignon sur rue. En fait, depuis 1968, le sinistre Genevois a réservé les petites crottes qu’il a pondues presque chaque année, avec une régularité maniaque, aux salles d‘Art et d’essai confidentielles, aux Maisons de la Culture, aux festivals alternatifs. Et pourtant il bénéficie encore aujourd’hui d’une curieuse, incompréhensible aura, d’une grande notoriété. Cela alors qu’il n’a occupé les vrais écrans que mois de dix ans, en gros de À bout de souffle (1960) à Week-end (1967); ensuite, c’est vraiment du gloubi-glouba. Read the rest of this entry »
Metropolis
juillet 22nd, 2022La prostituée de Babylone vit à Berlin.
Voilà un des films presque mythiques de l’histoire du cinéma que je n’avais jamais vu et que je viens de découvrir. Découvrir comme lorsque, impressionné, on vient rendre hommage au Colisée, au Parthénon, à Sainte Sophie, à Notre-Dame en se demandant pourquoi et comment on a attendu si longtemps avant de se mettre dans le souffle de ses merveilles. Au juste qu’est-ce qui me reste à voir ? Naissance d’une Nation et Intolérance de E.W.Griffith,
Un chien andalou et L’âge d’or de Luis Bunuel, Folies de femmes et Les rapaces d’Erich von Stroheim, Dracula de Tod Browning… C’est à peu près tout, il me semble. Read the rest of this entry »
Les gladiateurs
juillet 9th, 2022Du sang, de la volupté et de la mort.
Je crois que tout le monde est d’accord sur la supériorité remarquable des Gladiateurs de Delmer Daves sur La Tunique d’Henry Koster ; ce qui est drôle, c’est que les deux films ont été tournés simultanément, utilisant nombre des mêmes plateaux et le même scénariste, Philip Dunne. Pourtant l’un est l’évidente suite de l’autre et le pré-générique des Gladiateurs présente les dernières images de La Tunique, où Marcellus (Richard Burton) et Diana (Jean Simmons), convertis au christianisme, marchent à la mort rayonnants de Foi.
Cent briques et des tuiles
juillet 8th, 2022Guide du protocole et des usages.
Titre épouvantable comme il en a existé beaucoup dans le pire cinéma français des années 60 et 70, celles où il y avait encore des spectateurs rigolards et des salles de cinéma dans les quartiers périphériques et les petites villes de province. Faible notoriété du réalisateur, Pierre Grimblat, au cinéma ; surtout connu – et là très connu – pour ses activités de production et de télévision, des feuilletons, comme Navarro ou L’instit, jamais vus, mais qui ont eu, paraît-il un succès d’audience. Sur le grand écran, et de façon anecdotique, Slogan (1969), dont le seul mérite est d’avoir fait se rencontrer Serge Gainsbourg et Jane Birkin. Read the rest of this entry »
Hôtel Monterey
juillet 7th, 2022Difficile d’aller jusqu’au bout a-t-on écrit de ce film. Si difficile que je n’y suis pas parvenu. Et pourtant, au rebours de mon goût affirmé pour la franchouillardise, les répliques de Michel Audiard, la rudesse de Jean Gabin et d’Alain Delon, les fantasmagories de Jacques Demy et quelques milliers d’autres plaisirs, il m’arrive de céder à d’honorables démons. D’aller voir chez des cinéastes réputés hermétiques, difficiles, rigoureux, austères, s’il y a un peu de miel à gratter. Je m’étais deux fois frotté à Chantal Akerman avec, dans l’ordre Jeanne Dielman, 23 quai du commerce (1975) et avec Les rendez-vous d’Anna (1978). Des films lents, arides, austères, glacés et quelquefois glaçants. Je n’avais pas eu beaucoup de plaisir de spectateur, mais j’avais écrit que je trouvais ce cinéma ni médiocre, ni inintéressant. Read the rest of this entry »
Tetro
juillet 4th, 2022Mais quelle tristesse, mon Dieu ! Quel sentiment d’avoir perdu deux heures de sa précieuse vie pour regarder les interrogations nombrilistes de Francis Ford Coppola ! À dire le vrai, c’est sur son seul nom que j’avais regardé le DVD et pourtant alors même que le réalisateur du Parrain, d’Apocalypse now et de Dracula ne m’est pas gage de qualité ! Mais, comme tout le monde il m’arrive – sottement – d’être impressionné par une notoriété, qui, en fait, n’a pas lieu d’être. Pourtant en regardant cette connerie majuscule de Tetro, j’avais souvent l’impression d’être dans un de ces films grotesques réalisés ou inspirés par l’inutile Marguerite Duras : du bavardage inspirant pour institutrices frustrées qui croient qu’elles accèdent ainsi à la sagesse et à la culture. C’est aussi absurde que glaçant. Read the rest of this entry »
La fille seule
juillet 1st, 2022J’étais à deux doigts d’écrire que ce film de 1995 réalisé par Benoît Jacquot, sans être déplaisant, ne valait pas grand chose. Ou plutôt ne valait que par la présence continue à l’écran, pendant 86 minutes du très joli minois de Valérie,(Virginie Ledoyen), jeune soubrette d’un grand hôtel parisien (le Concorde Saint-Lazare), qui vient de se découvrir enceinte des œuvres de son petit ami Rémi (Benoît Magimel) et ne sait pas trop ce qu’elle va faire de ce petit bout d’homme qui pousse en elle depuis quatre semaines. Tout le film – à l’exception notable de sa conclusion – se passe en temps réel mais porte cette interrogation grave. Read the rest of this entry »
Ulysse
juin 30th, 2022Je crois qu’il n’y a presque rien de plus beau que L’Odyssée dans nos vieilles terres d’Europe ; que cette histoire de roi maudit condamné à errer sur la mer couleur lie de vin comme la décrit Homère, mer au sourire innombrable comme l’évoque Eschyle continue depuis près de trois mille ans à illuminer notre imaginaire. Lisez cela dans la belle traduction du grand helléniste Victor Bérard, qui date de 1924 mais n’a pas pris une ride : Le vaisseau filait sans secousse et sans risque et l’épervier, le plus rapide des oiseaux, ne l’aurait pas suivi. Il courait, il volait, fendant le flot des mers, emportant ce héros aux divines pensées, dont l’âme avait connu, autrefois, tant d’angoisses. Read the rest of this entry »
That’s entertainment III
juin 29th, 2022Je ne suis pas tout à fait persuadé de la nécessité pour la Metro Goldwyn Mayer d’avoir, vingt ans après les deux premiers volumes, raclé le fin fonds de ses archives pour présenter That’s Entertainment III en 1994. D’ailleurs ce dernier tome n’a pas été présenté en Europe, semble-t-il, demeurant sur le seul marché domestique. Il est vrai pourtant que Il était une fois Hollywood (1974) et Hollywood, Hollywood ! (1976) avaient été des réussites enchantées mais, sans épuiser tout à fait le filon, avaient présenté à peu près tout ce qui devait être vu dans une anthologie de la comédie musicale MGM.