Il me semble qu’il y a toujours, dans les histoires qui mettent en scène les gens de théâtre et de music-hall, la distillation d’une goutte d’amertume. Est-ce dû au regard condescendant que le 7ème art porte sur son très ancien prédécesseur ou plutôt sur la bizarre existence de groupes qui se sentent assez différents du sort commun, dont les espérances ont pu être folles, les succès démesurés et les écroulements spectaculaires ? Car les acteurs, même les plus effacés et les moins talentueux connaissent ou se rappellent avoir connu une vie très différente de celle d’un notaire ou d’un épicier de province. Read the rest of this entry »
La crise est finie
mai 25th, 2022La vie miraculeuse de Thérèse Martin
mai 23rd, 2022Julien Duvivier n’est jamais passé pour un homme expansif. Je ne crois pas qu’il se soit jamais confié sur ses opinions politiques ou sur ses convictions religieuses, s’il en avait. Comment cela ? allez-vous me dire, Oubliez-vous qu’il a réalisé les deux premiers Don Camillo qui donnent la part (très) belle au curé de Brescello, qui roule copieusement le maire communiste et qui a une sorte de dialogue direct avec le Christ ?. Certes, certes, mais le personnage est directement issu d’une série d’histoires écrites par Giovanni Guareschi dont l’engagement chrétien était affirmé. Et par ailleurs, l’avant-dernier film de Duvivier, un truc à sketches moyennement réussi, Le diable et les dix commandements est nimbé d’un petit parfum d’anticléricalisme ; cela bien qu’il présente, dans une de ses séquences, une intelligente vulgarisation sur la question du Mal et la mise en perspective de l’insaisissable Plan de Dieu (je cite sans vergogne ma critique sur le film). Read the rest of this entry »
L’état sauvage
mai 21st, 2022Drôle d’endroit pour une rencontre.
Je ne sais si on se souvient de L’État sauvage, roman de Georges Conchon qui a obtenu le Prix Goncourt en 1964 et a obtenu alors un très grand succès. Le roman passait alors pour une compilation progressiste des mythes iréniques et rayonnants de la décolonisation. C’était l’époque où l’on pensait que les pays qu’on avait jadis nommé sous-développés et qu’on appelait désormais en voie de développement (une voie que l’on attend toujours) allaient grâce à leur dynamisme et leur liberté prétendument recouvrée entrer, flamberge au vent, dans la grande aventure de l’Histoire. Read the rest of this entry »
Beau travail
mai 19th, 2022Si je m’arrêtais à la seule façon de filmer de Claire Denis, à son sens de l’image, aux singulières chorégraphies qu’elle met en scène dans Beau travail, je ferais monter bien plus haut mon appréciation. S’accrochant à la vie d’une petite unité de la glorieuse 13ème Demi-brigade de la Légion étrangère alors stationnée à Djibouti, le regard se pose avec talent à la fois sur l’extrême exotisme aride de la contrée et sur l’entraînement quotidien des légionnaires. On pourrait se croire, au début, dans un de ces reportages qui présentent les performances magnifiques de ces soldats d’élite ; et ceci sans la mise en valeur des histoires individuelles et des commentaires empathiques des soirées télévisées. Read the rest of this entry »
Femmes de personne
mai 16th, 2022Sujet britannique qui a, je crois, effectué toute sa carrière en France, Christopher Frank est un étrange personnage. Tour à tour – ou simultanément – romancier, scénariste, dialoguiste, réalisateur. Multiples talents, multiples dons mis au service d’une certaine fascination pour le monde mystérieux des femmes. En tout cas pour le mystère que présente, pour les hommes qui s’y intéressent, la façon de penser de l’autre partie de l’humanité. L’humoriste Jean Amadou disait, de façon plaisante et évidemment parcellaire Les femmes, il faut les aimer ou essayer de les comprendre. Aucun homme n’a une espérance de vie assez longue pour faire les deux. On a fait des gloses aussi sur l’aphorisme selon quoi Les femmes de Vénus, les hommes de Mars et autres interrogations. Read the rest of this entry »
Comme le temps passe…
mai 15th, 2022Il n’est sans doute pas abusif d’écrire que si le malheureux André Chénier n’avait pas été guillotiné le 25 juillet 1794, à l’âge de 31 ans, il n’intéresserait plus guère que les spécialistes universitaires de la poésie pré-romantique. Et il n’est pas plus excessif de penser que si Robert Brasillach n’avait pas été fusillé le 6 février 1945, à 35 ans, on n’en parlerait plus du tout, alors que ce doux jeune homme élégiaque comme l’avait baptisé je ne sais plus qui, auteur avec son beau-frère d’une excellente Histoire du cinéma, ne manquait pas de talent. Read the rest of this entry »
Few of Us
mai 12th, 2022Je me suis souvent dit, dans ma longue carrière de cinéphage, qu’il devait bien exister quelque part des films plus prétentieux, plus ennuyeux, plus soporifiques que ceux d’Ingmar Bergman ou de Michelangelo Antonioni que je tiens, avec une mauvaise foi indéniable, pour des enquiquineurs patentés ; et cela alors (que je sois sincère, pour une fois) qu’il leur est arrivé de tourner des trucs à peu près regardables. Eh bien voilà que j’ai trouvé l’insurpassable, l’introuvable, l’abominable long métrage devant quoi je viens de passer 1h39 de ma vie en me demandant à chaque minute si je n’étais pas un peu cinglé de perdre ces minutes là, compte tenu du peu de temps qui me reste à passer sur cette vallée de larmes. Read the rest of this entry »
La beauté du monde
mai 11th, 2022Dans le paysage friqué et formaté à la fois pour les soirées du dimanche soir de TF1 ou pour les sorties confidentielles dans les salles inconfortables du Quartier latin soutenues par Télérama, Cheyenne Carron poursuit son joli bonhomme de chemin. J’allais écrire sans rien demander à personne. En fait, si, elle demande à chaque fois l’aide du CNC (Centre national de la cinématographie) qui, rituellement lui refuse le moindre concours. Alors, en bouclant ses films avec des bouts de ficelle, en réalisant des miracles, en faisant désormais un peu appel aux financements collaboratifs, en choisissant des interprètes débutants ou peu connus qu’elle ne peut rémunérer mais qui acquièrent ainsi à la fois un peu d’expérience et une ligne de plus à leur CV, elle tourne chaque année. Read the rest of this entry »
Mes chers amis n°2
mai 8th, 2022Il y a bien longtemps, bien longtemps que j’attendais de revoir Mes chers amis 2 qui, à la suite du merveilleux premier volet, m’avait paru ne pas déroger beaucoup à la férocité sarcastique (et quelquefois désespérée) qui fait tellement l’essence des films de bande. D’abord j’avais conservé le premier épisode enregistré sur une VHS gélatineuse capté lors d’une diffusion télévisée et puis en 2013 un DVD honnête est sorti. Mais il n’y avait pas la moindre trace, moins encore la moindre espérance pour le n°2. Et puis voilà le miracle qui se réalise grâce à un ami qui a, en quelque sorte, des pouvoirs magiques et détient des trésors de films absurdement jamais réédités. Read the rest of this entry »
Nanouk l’esquimau
mai 5th, 2022Un moyen métrage du temps du cinéma muet qui, malgré les années, demeure tout à fait intéressant. Varié, bien rythmé, didactique, expliquant avec soin et pédagogie dans de nombreux cartons l’existence quotidienne des pauvres gens qui ont le malheur de s’être arrêtés, lors des grandes migrations antédiluviennes (ou presque) dans les territoires glaciaires. Car Nanouk l’esquimau et toute sa famille vivent – ou survivent, pourrait-on dire – au nord du Canada, dans la baie d’Hudson, à la limite de l’océan glacial arctique. À dire vrai, lorsque je regarde la multiple splendeur du monde et les merveilles tendres qu’il recèle, je m’interroge toujours sur ce point. Peu importe. Read the rest of this entry »