Gladiator

mai 5th, 2022

De bruit et de fureur.

Il n’y a pas à dire, c’est de la belle ouvrage. Beaucoup de moyens, des décors superbes, une qualité d’images impeccable, une musique réussie, de la haine, de l’amour, de la violence, du sang, des horreurs et des malheurs. C’est un film formaté pour un triomphe mondial – ce qui a été le cas – et ce n’est pas là un reproche ; je dirai même qu’il n’est pas mauvais que les milliards d’habitants de notre petite planète puissent, d’une certaine façon, acquérir des références communes. Même si ces références sont passées au trébuchet d’Hollywood, cette marmite tonitruante où l’Histoire, la grande Histoire, est lavée, relavée, essorée, séchée, repassée, mise sous un impeccable emballage… Read the rest of this entry »

Ice storm

mai 3rd, 2022

Tout le monde est malheureux.

Il faut reconnaître au réalisateur taïwanais Ang Lee la qualité – si c’en est une – de s’être parfaitement fondu dans le moule culturel cosmopolite d’Hollywood. Et donc d’être tout à fait capable de réaliser un film solidement composé, sans aspérités particulières, habilement mené, bien rythmé, qui n’ennuie jamais. Et surtout où l’on identifie facilement les personnages et où on suit l’entrecroisement des histoires qui en forment la trame. A contrario on pourrait dire, en s’appuyant sur ces qualités reconnues, que Ice storm manque de flamme et du brin de folie qui l’aurait fait passer en classe supérieure. Read the rest of this entry »

Le Cardinal

avril 30th, 2022

Le festival des cas de conscience.

Trois heures bien tassées pour l’adaptation d’un de ces gros romans étasuniens élaborés sous l’emprise des ateliers d’écriture. Des romans où il ne manque ni un retournement de situation, ni une scène larmoyante, ni un cas de conscience qui vous glace dans votre siège (en vous interrogeant sur ce que vous, vous auriez fait). Qui, aussi, vont chercher les remugles de l’Histoire pour les exhiber devant le spectateur indigné des exactions racistes du Ku-Klux-Klan et des hystériques du national-socialisme allemand. On met un peu de tout dans la centrifugeuse : histoires d’amour contrariées ou vaines, tutoiements de l’Histoire, choc des volontés, mystères du Vatican. Il ne manque que la cerise confite pour emballer le chaland. Read the rest of this entry »

Tromperie

avril 28th, 2022

Heureusement on ne s’aimait pas…

Tromperie ? Jamais un film n’a si bien porté son nom.

Arnaud Desplechin est un cinéaste reconnu et célébré par toute la critique sérieuse, celle de Télérama ou des Inrockuptibles ; vous savez, ces magazines qui ouvrent chaque année des gouffres financiers toujours plus béants, mais que la bienveillance de quelques milliardaires capitalistes maintient à flot, alors qu’ils se veulent à l’avant-garde de toutes les révoltes, toutes les rebellions, toutes les insoumissions. D’ailleurs Desplechin est un partisan enthousiaste de tous les migrants qui viennent s’installer illégalement sur le sol français. Comme il ne manque pas d’air il a été un soutien actif de la fameuse Léonarda, cette jeune Kosovare expulsée avec sa famille et avec qui le fumeux François Hollande avait échangé un coup de téléphone qui avait rempli à peu près tout le monde de honte devant cet abaissement consenti de la fonction présidentielle.

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L’île nue

avril 26th, 2022

L’inhumaine condition.

Il me semble être assez bienveillant en donnant la moyenne à un film beaucoup trop long pour la minceur de son sujet ; et qui plus est répétitif et hiératique. Porté par un thème musical d’Hikaru Hayashi obsédant et réussi, qui rencontra un extraordinaire succès en Occident, l’exercice de style du réalisateur nippon Kaneto Shindô, qui n’est connu que pour ça demeure un truc bizarre, qui ne manque pas d’intérêt, mais qui en perd beaucoup au fur et à mesure qu’il se déroule et reprend ses propres séquences. Au demeurant, c’est très bien filmé et les images de ces tristes enfants nippons peuvent souvent être bien belles. Read the rest of this entry »

Vers un destin insolite, sur les flots bleus de l’été

avril 26th, 2022

Faut-il réduire les femmes en esclavage ?

Quand on a un peu de bouteille, d’expérience, dans le domaine du cinéma, on retrouve sans grand mal les bases théoriques du film. Deux êtres, absolument différents, absolument clivés par les choses de la vie, à la faveur de circonstances à peu près invraisemblables, se trouvent l’un en face de l’autre. Et là, plus rien n’est pareil et une sorte de pulsion charnelle, primale, en fin de compte animale les jette l’un vers l’autre. Mais la civilisation, ses pompes et ses œuvres, ses contraintes, ses tristesses et ses plaisirs est là pour bien montrer le chemin qu’il faut prendre. Rien que de banal.

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Phenomena

avril 23rd, 2022

La princesse des mouches.

On sait bien qu’avec Dario Argento il ne faut pas s’attendre à un récit d’horreur bien bâti, cohérent, architecturé. Il y a toujours des confusions, des impasses, des chemins sans issues, ce qui n’est pas bien embêtant, mais surtout des chemins qui s’interrompent brusquement sans que leur tracé soit exploité par le réalisateur. Si, de façon méticuleuse et un peu pionne on se mettait, le stylo à la main, à noter toutes les absurdités, impossibilités, négligences du scénario, on pourrait remplir des carnets entiers. C’est ainsi. Le metteur en scène se fiche un peu du récit, de l’épaisseur des personnages, de leur psychologie et même de leurs rapports. Read the rest of this entry »

Les aristocrates

avril 22nd, 2022

La croisée des chemins.

Le marquis de Maubrun (Pierre Fresnay) est l’héritier d’un des plus grands noms de France. Les portraits de ses ancêtres qui tous ont servi l’État à de hauts postes et dans de lourdes charges ornent les murs de son château bourguignon. Il a perdu sa femme quelques années auparavant. Vivent avec lui dans la belle demeure décrépite, mais qui a beaucoup d’allure, sa belle-sœur, Tante Mathilde (Yolande Laffon), vieille fille confite en dévotions et rêveries, Gontran (Alain Quercy), un grand garçon robuste qui s’occupe (un peu) du domaine, les deux jumeaux Osmond (Philippe Rosen) et Louis-César (Olivier de Tissot), gamins espiègles inséparables  qui doivent avoir une douzaine d’années et Daisy (Brigitte Auber), la grande jeune fille. Read the rest of this entry »

Ego

avril 21st, 2022

Des racines et des ailes.

L’effort d’originalité est tout à fait méritoire. Le scénario de Ego est dû à Ilja Rautsi, dont j’ignore tout, mais dont je découvre qu’il est spécialiste du genre. La réalisatrice s’appelle Hanna Bergholm est n’est pas plus notoire. Il est vrai qu’il s’agit là de cinéastes finlandais qui n’ont sûrement pas coutume d’envahir les écrans du monde entier. Helsinki n’est pas Hollywood et, à part Aki Kaurismäki qui en a jamais entendu parler ?

 

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Le masque arraché

avril 20th, 2022

La fièvre dans le sang.

Que demander de plus à un film noir étasunien de 1952 que de partir à toute allure, de continuer sur le même tempo et d’accélérer encore dans son dernier tiers ? Tout cela en caractérisant bien les personnages, en montrant les méchants comme de vrais méchants, en exposant au premier plan les diverses traîtrises, en faisant monter les tensions et, in fine, en punissant les salauds grâce à une sorte de justice immanente ? Et ceci quoique la survivante malheureuse, objet des duperies et des embrouilles, reparte seule et désolée vers le reste d’une vie qu’elle passera sûrement avec au cœur une grande amertume ? Read the rest of this entry »