Marie des Isles

juillet 15th, 2024

Jolie fille, tu as de la chance !

Robert Gaillard était, dans les années 50 et 60, un des grands producteurs de sagas historico-érotiques, comme l’ont été, à peu près à la même époque (un peu auparavant), les récits du couple Golon (Anne et Serge), auteurs de la série des Angélique, marquise des anges. Mais il est certain que Marie des Isles n’a pas eu – et de loin – la même notoriété. Pour n’avoir pas lu les quatre volumes de Marie et seulement cinq ou six des treize (!!!!) d’Angélique, je ne puis dire si le fond romanesque est ici meilleur que là. Mais en tout cas le film – le seul – adapté de Gaillard par Georges Combret ne vaut pas tripette par rapport à la série illustrée par Bernard Borderie. Read the rest of this entry »

Le visiteur

juillet 15th, 2024

Pour les siècles des siècles.

Le Concile Vatican II s’est déroulé d’octobre 1962 à décembre 1965 à l’initiative de Saint Jean XXIII. C’est peu dire qu’il a apporté de très notables changements à la liturgie catholique traditionnelle. Dans les années qui ont suivi sa clôture, sous Saint Paul VI, transformations introduites ont suscité, ici et là, des dérives quelquefois très profondes et significatives, allant toutes dans le sens de la diminution de la sacralité de l’Église, au bénéfice d’une bienveillance universaliste qui ne permettait en rien de distinguer le christianisme d’un humanisme passe-partout.

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La gorgone

juillet 12th, 2024

Sombres forêts de Germanie.

Mon Dieu, qu’ils étaient excellents, les films de la Hammer, reconnaissables entre tous grâce à leurs costumes, à leurs décors, à la façon dont les images étaient filmées, graves, belles, menaçantes, diurnes ou nocturnes mais toujours angoissantes ! Mon Dieu, combien il y avait d’inventivité, de subtilité, d’élégance dans les récits que cette grande maison offrait à ses innombrables admirateurs qui s’appuyaient sur le talent de grands acteurs, Christopher Lee et Peter Cushing. Et dans La gorgone les deux vedettes sont là, qu’on peut juger presque à contre-emploi, Lee en bon, Cushing en méchant ! Et en fait ce n’est pas si simple que ça. Read the rest of this entry »

Mademoiselle s’amuse

juillet 11th, 2024

Le charme des vieilles troupes.

Les orchestres à sketches, étaient très à la mode, avant la Guerre et parmi eux, en France, aucun, malgré les succès de Fred Adison ou de Jo Bouillon (plus tard ceux de Jacques Hélian ou d’Aimé Barelli), n’avait le même succès que celui de Ray Ventura. Par parenthèse, on peut bien regretter, tant le genre était gai, drôle et chaleureux qu’il ait disparu presque malgré les succès du Grand orchestre du Splendid en France, entre 1977 et 1990 et de Max Raabe und das Palast Orchester en Allemagne aujourd’hui. Mais la présence d’une vingtaine d’interprètes sur la scène rend de nos jours l’exercice économiquement très difficile. Read the rest of this entry »

Vingt-quatre heures de la vie d’une femme

juillet 8th, 2024
« L’automne est morte, souviens-t-en »
Je n’ai pas lu la nouvelle de Stefan Zweig (je sais ! j’ai tort !) dont le film de Dominique Delouche est adapté, mais d’après ce que j’en apprends ici ou là, je crois pouvoir dire que l’adaptation est très libre. Le début du siècle à l’époque de la guerre offre un certain intérêt dramatique et ne bouscule pas la représentation des décors, des toilettes et des mentalités : car le 20ème siècle véritablement commencé avec la Victoire de 1918 et les années folles qui ont immédiatement suivi. On ne peut pas nier, par ailleurs que de placer l’histoire non pas à Monte-Carlo, mais dans le sublime cadre du lac de Côme, à Bellagio dont les palaces, la Villa Serbelloniet L’hôtel de Grande-Bretagne n’ont rien à envier à ceux de la Principauté permet de donner au spectateur de bien belles images.

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Whisky à gogo

juillet 7th, 2024

Célébration de l’eau-de-feu.

Avant que la Grande-Bretagne ne devienne le 51ème État d’Amérique, elle a connu, nourrie d’excentricité et de nonsensique, une période délicieuse largement portée par le talent de Sir Alec Guinness. Est-ce parce que cet immense acteur ne fait pas partie de la distribution de Whisky à gogo que j’ai trouvé bien faible ce film de 1949 d’Alexander Mackendrick dont j’ai pourtant bien apprécié L’homme au complet blanc(1951) ou Tueurs de dames (1955) ?

Guinness rayonne dans Noblesse oblige de Robert Hamer (1949), et on m’a dit grand bien de son interprétation dans De l’or en barres (1951) de Charles Crichton qui, presque cinquante ans plus tard (1998) réalisa ce petit chef-d’œuvre d’esprit et de sarcasme nommé Un poisson nommé Wanda qui renouait alors avec cette tradition d’Outre-Manche. Read the rest of this entry »

Le comte de Monte Cristo 2024

juin 30th, 2024

Comment réussir un ratage.

Ceux qui n’ont jamais lu Le comte de Monte-Cristo (même dans la version raccourcie et enfantine de la Bibliothèque verte), qui n’ont pas pu vibrer au fil des 1500 pages du roman d’Alexandre Dumas dans sa version intégrale pourront trouver du plaisir à regarder cette grande machinerie hollywoodienne. Il est vrai que lire, aujourd’hui, c’est demander beaucoup. Pourrait-on alors renvoyer aux précédentes adaptations filmées du récit ? Une bonne dizaine depuis l’arrivée du cinéma parlant, notamment celle de Robert Vernay en 1954 avec Jean Marais ou celle de Claude Autant-Lara en 1961 avec Louis Jourdan dans les rôles-titre. Read the rest of this entry »

L’empire des sens

juin 27th, 2024

Nipporno délirant.

Tout le monde, ou presque, a entendu parler de ce film exotique, confiné dans les paysages urbains ennuyeux, sombres et encombrés du Japon de 1936, où deux amants sans épaisseur passent leur temps à se donner du plaisir devant les yeux de spectateurs vite lassés. Remarquez, ayant écrit cela, il faut que je mette d’emblée quelques nuances. D’abord parce que se donner mutuellement du plaisir est plutôt davantage agréable que de se jeter des injures à la figure ou s’ennuyer à la lecture d’un livre d’Alain Robbe-Grillet. Puis parce que je crains que nombre des spectateurs aient été ravis de voir cet empilage de baises diverses. Read the rest of this entry »

Africa addio

juin 24th, 2024

Le sanglot de l’homme blanc.

Il n’y avait pas de raison pour qu’après les très beaux succès de Mondo cane et de Mondo cane 2 (1962 et 1963), compendium des bizarreries, singularités, horreurs, aberrations magnifiques ou révoltantes qui irriguent le monde et notre pauvre humanité, les auteurs, Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi s’arrêtent en si bon chemin. D’autant plus qu’ils venaient, finalement, de créer un genre cinématographique nouveau, le mondo, à base de documentaires roublards et volontairement choquants. Genre qui a longtemps prospéré (l’admirable Cannibal holocaustLe dernier monde cannibale voire Le projet Blair witch jusqu’à se perdre dans l’horreur des snuffmovies. Read the rest of this entry »

Les croulants se portent bien

juin 21st, 2024

Jeux interdits.

Comme on n’avait pas peur des mots aux temps anciens de la prospérité, on n’appelait pas les vieillards seniors ou – pire ! – personnes âgées, euphémismes ridicules qui n’abusent personne sauf ceux qui sont dans le déni. Mais comme au début des années 60 la jeunesse commençait à avoir droit au chapitre et à s’émanciper un peu, elle s’amusait à trouver pour leurs aînés des sobriquets narquois, ironiques, jamais méchants (tout au moins dans l’esprit). Il y a eu un temps la mode des PPH (Passera pas l’Hiver) aggravé par le PPS (Passera pas la Soirée) pour les très vieux. Il y a eu surtout, souvent destiné aux parents, ce terme de Croulant qui n’est pas mal trouvé et qui dépeint assez justement l’âge où hommes et femmes abordent la pente descendante de la vie : la cinquantaine. Read the rest of this entry »