Lorsque L’éternel mari, roman noir, glaçant, abominable d’un très grand écrivain – Fédor Dostoïevski – est adapté au cinéma par un magnifique dialoguiste – Charles Spaak -, filmé avec rectitude et soin par un excellent réalisateur – Pierre Billon – assisté par un décorateur exemplaire – Georges Wakhevitch – il est normal que le film soit une grande réussite. Surtout quand il est interprété par un des plus grands acteurs du siècle dernier – Raimu, dont ce fut le dernier rôle et mourut trois mois après jour pour jour après la sortie de L’homme au chapeau rond sur les écrans – et que lui donne la réplique un autre très grand comédien, Aimé Clariond et des seconds rôles formidables (Louis Seigner, Jane Marken, Micheline Boudet, d’autres…). Read the rest of this entry »
L’homme au chapeau rond
mai 19th, 2024Trois vieilles filles en folie
mai 18th, 2024Le charme des films du prolifique et étonnant Émile Couzinet, c’est d’être absolument sans queue ni tête. Ou plutôt de dépeindre avec une joyeuse insouciance un monde si absolument décalé du nôtre que l’on pourrait jurer qu’il n’a pas existé. Pourtant le film n’est pas si vieux que ça. 1952 : le cinéma existe depuis presque soixante ans et j’ai même dû voir, enfant déjà à l’âge de raison, une ou deux réalisations farfelues de ce Couzinet bizarre qui produisit dans ses studios bordelais des tas de films du cinéma populaire ; celui qui faisait mourir de rire le brave public du samedi soir, peu regardant sur la finesse et la qualité des scénarios, des interprétations, de la photographie de films destinés aux salles périphériques. Ceci aux temps où les braves gens, qui n’avaient pas encore connu les merveilles de la télévision, se précipitaient dans les salles, quand ils n’allaient pas aux cafés. Read the rest of this entry »
Paris-Méditerranée
mai 14th, 2024Comme c’était la pratique à l’époque, le même scénario a été tourné en deux versions, allemande et française ; même base mais langues et interprètes différents, ce qui permettait de racoler le public en France et en Allemagne en faisant des économies pour plusieurs séquences et pour les décors. Ce scénario, signé par les deux Germains Bruno Granichstaedten et Ernst Marischka (celui-ci réalisateur à succès de la série des Sissi) n’est ni plus bête ni plus original qu’un autre : le coup de foudre ressenti par un homme riche pour une petite employée de magasin, homme riche qui se fait passer pour petit employé lui-même, à la fois pour jouer une charmante aventure et pour séduire une jolie fille autrement que par son opulence. C’est une situation très classique qui se termine inévitablement par une fin heureuse, c’est-à-dire par la découverte de la réalité et l’évidence d’un amour partagé. Read the rest of this entry »
To be or not to be
mai 11th, 2024Voilà un film qui me semble très, et même trop habile, trop plein de virtuosités et de complexités scénaristiques au point où on en serait presque agacé par ce feu d’artifices trop chatoyant pour être honnête. En tout cas pour être assez convaincant. Oh, certes, c’est brillant, élégant, plein de drôleries et de qualités, de finesses et de brios. C’est sans doute un peu trop et, à plusieurs reprises, on se croit dans un théâtre de boulevard où les mots d’auteurs succèdent les uns aux autres, où les balcons, les galeries et les parterres frémissent devant le moindre bouleversement suscité par l’habile scénariste. Read the rest of this entry »
Sanglantes confessions
mai 9th, 2024D’un réalisateur dont je n’avais jamais entendu parler, Ulu Grosbard et sur un thème identique à celui du célèbre Brian De Palma, le mystère de la fille coupée en deux qu’on a surnommée Le Dahlia noir, voilà un film intéressant, innovant, original, plein de retournements et d’originalités. Le fait d’en placer l’intrigue – c’est-à-dire le martyre des pauvres filles manipulées, violées, torturées par des potentats qui se croient (et sont souvent) au-dessus des lois – au milieu de douteuses manigances de l’Église et les ambitions immobilières d’un Archevêché californien donne, de surcroît, un peu de piment supplémentaire à l’intrigue. Read the rest of this entry »
Twentynine palms
mai 6th, 2024Le roi des resquilleurs
mai 2nd, 2024Pour n’avoir pas (encore) vu le film originel de Pierre Colombier avec le très extraordinaire Georges Milton de 1930, j’ai quelque scrupule à dire du mal de ce Roi des resquilleurs, remake réalisé en 1945 par Jean Devaivre qui fit une très belle Résistance et une très belle guerre, mais qui n’a pas laissé grande trace au cinéma. Comment dire ? Il faut quitter toute référence avec ce que nous voyons aujourd’hui et nous laisser porter vers le cinéma d’antan. Pourquoi pas, d’ailleurs ? c’est aussi bien que les vertueuses orientations wokistes de notre maintenant : c’est solide, idiot, bêta, sympathique, sans qualité, ni défaut : le cinéma du samedi soir lorsque les veillées n’existaient plus et que la télévision n’existait pas encore. Read the rest of this entry »
Les Parisiennes
avril 26th, 2024Ça ne se fait plus beaucoup les films à sketches, où des histoires et des situations disparates, reliées entre elles par un prétexte léger, souvent même funambulesque, parviennent à donner au spectateur un peu de plaisir. Dans les dernières années, je n’ai guère en tête que le Paris de Cédric Klapisch (2008) où le réalisateur scrute plusieurs histoires sans rapports directs les unes avec les autres.
Au fait il y a deux façons de réaliser ce genre de divertissement : un réalisateur qui vous narre plusieurs histoires disparates ; par exemple Adorables créatures de Christian-Jaque en 1952, Le diable et les dix commandements de Julien Duvivier en 1962, ou Sept fois femme de Vittorio De Sica en 1967… Mais on pourrait citer aussi Le plaisir de Max Ophuls en 1952, voire la plupart des films historiques de Sacha Guitry (Les perles de la couronne, Remontons les Champs-Élysées, Si Versailles et Si Paris)…
… Et mourir de plaisir
avril 23rd, 2024Deux orientations, deux directions pour ce film dont le titre très beau a porté depuis jadis tant de fantasmes : un film qui n’est pas édité en DVD mais dont une génération a vu ou a souhaité voir les développements et les troubles merveilles. Roger Vadim, l‘homme couvert de femmes, comme le fut plus avant Pierre Drieu La Rochelle, puis les fascinantes histoires des vampires homosexuelles créées par Sheridan Le Fanuen 1871 vingt-cinq ans avant que l’immense Bram Stoker pose et établisse la typologie des buveurs de sang en 1897. Read the rest of this entry »
Les nouveaux aristocrates
avril 20th, 2024Je crois que l’on ne se souvient plus beaucoup aujourd’hui de Michel de Saint-Pierre , qui connut pourtant, dans les années Cinquante et Soixante, un immense succès. Un peu comme (à gauche, si l’on peut dire) (Gilbert Cesbron (Chiens perdus sans collier) ou (à droite, carrément) (Jean de La Varende) (Nez-de-cuir). Issu d’une vieille famille normande, résistant, royaliste, philosémite (membre de la LICRA), catholique de plus en plus traditionaliste. Contrairement à ce que les gazetiers incultes croient, les positions ne sont jamais simples. Read the rest of this entry »