Il était temps !
Et, comme à la fin du message que j’ai déposé sur Pain, amour et jalousie j’écrivais Me reste à découvrir Pain, amour, ainsi soit-il, qui est de Risi et non de Comencini ; mais je crains d’être pareillement déçu…, ma déception, trop certaine pour être vive, n’a pas dépassé les limites d’un aimable ennui…
On a beau faire et changer le réalisateur ou la principale actrice, Loren en place de Lollobrigida, ça demeure aimable, mais limité. Je sais bien ! Un ami , connaisseur, s’il en est, du cinéma italien, m’écrit que ce qui a porté le cinéma de la péninsule à des sommets d’humanité et de grincements dans les années postérieures, ce n’est pas la logique des auteurs, mais la transformation des genres et qu’en d’autres termes passer de Risi à Comencini n’est pas très significatif ; il a raison, sûrement…
Il était tout de même temps qu’on passe à un autre cinéma. D’ailleurs, déjà, dans Le signe de Vénus, lors de la même année 1955, Risi ouvrait une voie qui deviendrait évidente en 1958, avec Le pigeon de Monicelli et toutes les merveilles tendres et amères des années qui ont suivi…
Pain, amour, ainsi soit-il n’est pas déplaisant du tout, bénéficie de la photogénie de Sorrente (et par surcroît, au contraire des deux premiers opus, de la couleur), offre une scène de mambo torride avec une Sophia Loren bien agréable à regarder, même pour ceux, dont je suis, qui lui préfèrent sa rivale Gina Lollobrigida… Mais enfin, ça n’est pas toujours de bon goût (le bain forcé de Vittorio De Sica dans les eaux sales qui laissent de bien vilaines taches brunâtres sur son bel uniforme blanc), les dialogues sont pleins de ces sous-entendus graveleux qui, personnellement, m’exaspèrent (lors de l’examen truqué que fait passer Antonio Carotenuto (De Sica, donc) au jeune candidat à la Garde métropolitaine Nicolino (Antonio Cifariello), la question posée par l’examinateur Sur la plage, tu vois un bikini, que fais-tu ? et devant le silence du candidat Eh bien… tu dresses…. Silence piteux encore… Tu dresses un procès-verbal ! ; c’est tout de même nunuche, non ?).
Enfin ! Le meilleur côté de la trilogie (qui est une tétralogie, je sais ! mais le quatrième tome, Pain, amour et Andalousie n’a pas été édité), le meilleur côté, un peu méchant et qui, si l’on est indulgent, annonce l’essor de la comédie italienne, c’est, finalement, la morale assez vacharde et le sort réservé à Carotenuto qui, si séduisant qu’il est, se heurte, dans les trois films à un bec et ne parvient pas, ou à peine, à triompher de la vertu d’Annarella (Marisa Merlini) ou de la jeunesse de la Bersagliera (Gina Lollobrigida) ou de la Veuve Sofia (Sophia Loren)… Et toc !