Léger, spirituel, intelligent, extrêmement français.
J’ai longtemps hésité avant de re-revoir Pauline à la plage… La présence de Mlle Arielle Dombasle, dont je supporte de moins en moins les trop fréquentes apparitions publiques, me rebutait un peu, alors que je gardais pourtant un excellent souvenir du film du majuscule Éric Rohmer. Et pourtant Dombasle, tout aussi minaudante qu’aujourd’hui, était à l’époque une très gracieuse sylphide (au menton un peu pointu, toutefois) et non le faire-valoir de l’épouvantable boutefeu belliciste Bernard-Henri Lévy (J’adresse de ferventes prières au Créateur pour que Le serment de Tobrouk qui vient de sortir sur les écrans ramasse une aussi fantastique gamelle que, jadis, Le jour et la nuit d’hilarante et atterrante mémoire).
Je sais tout ce qu’on peut opposer au cinéma de Rohmer : d’être statique, superficiel, verbeux ; je conçois qu’on puisse s’en agacer surtout lorsque, comme dans Pauline à la plage, tout le film repose sur l’éternelle mascarade des premières amours adolescentes et des désirs adultes trompés. Jeu de faux semblants, pirouettes, quiproquos, chagrins d’amour-propre, réconciliations, désillusions. Escrime des mots, esquive des passions.
Mais j’avais bien tort d’hésiter et bien raison de garder une grande tendresse pour le troisième volet des Comédies et proverbes qui, comme toute la série s’ouvre au générique par un aphorisme ; ici, c’est une citation de Chrétien de Troyes : Qui trop parole, il se mesfait. Grande tendresse, et grande admiration pour l’extrême subtilité de Rohmer, la qualité des dialogues, l’art des situations. Ainsi par exemple la gêne qui sourd toute palpable, au début du film, lorsque les protagonistes font connaissance, lorsque Pierre (Pascal Greggory), un peu contraint et forcé, présente Henri (Feodor Atkine) à Marion (Arielle Dombasle).
Mais aussi cents moments, cent mots, cent gestes, cent attitudes qui, plus que réalistes, font le réel.
C’est léger, spirituel, intelligent, extrêmement français.