Prince des Ténèbres

afficheDes trucs qui fonctionnent…

Vu à sa sortie, le film ne m’avait pas paru pouvoir faire grand effet, malgré certaines images bien composées et des atmosphères intelligentes. Une nouvelle vision, grâce à un DVD luxueusement édité (que de beau travail pour ce qui est tout de même une série B !) m’a davantage séduit.

Il y a des scènes et des décors réellement angoissants : cette église austère posée n’importe comment dans un faubourg à la laideur banale, ces couloirs sans vie et sans gaieté, pisseux et ternes (un peu comme l’immeuble dans lequel vit la mère de Karras, dans L’Exorciste), ces silhouettes errantes et maléfiques Apôtres des Dormeurs des Ténèbres dont on ne pénètrera jamais l’identité ou l’origine, et même l’idée d’associer théologiens et scientifiques dans le décryptage de phénomènes anormaux… (évidemment, on sourit un peu lorsqu’on revoit les ordinateurs de l’époque, leurs écrans minuscules en noir et blanc, leurs lignes de code)…

Mais le discours qui sous-tend l’anecdote reflète une philosophie à deux balles, nourrie de toutes les balivernes raëliennes possibles et imaginables (le Christ est un extra-terrestre qui est venu prévenir la pauvre Humanité de l’existence d’un Mal cosmique) et les péripéties sont si évidemment prévisibles, mêlant des scènes de zombies infectés menaçant les survivants (de moins en moins nombreux, comme de juste, les uns devenant les autres, si je puis dire), des tentatives de fuite et, pour couronner le tout le sacrifice de l’héroïne se jetant dans la mêlasse diabolique dans une scène me faisant irrésistiblement penser au Père Karras – encore lui ! – se jetant par la fenêtre pour arracher le Démon de l’âme de Regan !

Je ne boude pas mon plaisir ; le film m’a tenu jusqu’au bout, parce qu’il est bien conçu, bien mené, bien rythmé ; j’avais pareillement aimé, naguère, Vampires du même John Carpenter… mais je regrette que l’absence de toute culture théologique et historique, dans ces films pour de trop souvent incultes générations, mélangent dans un syncrétisme qui en affaiblit le propos le singulier et séduisant discours qui pourrait se tenir sur le Mal…

Enfin ! C’est l’époque qui veut ça…

 

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