Quand on a vu ça, qui passait l’autre soir sur Canal +, on n’est pas surpris du succès que ça a eu l’an dernier en France (12,5 millions d’entrées). C’est dégoulinant de bons sentiments, ça se veut acide et pimenté mais c’est gluant comme un marshmallow. Si on veut, c’est comme le Champomy (jus de pomme pétillant, sans alcool, boisson festive pour enfants, comme le dit la publicité) par rapport au Champagne.
Quatre filles, toutes plus jolies les unes que les autres. Les trois premières mariées avec un Musulman, un Juif, un Asiatique. La quatrième, suprême espoir des parents que le futur jeune couple soit un peu traditionnel, leur présente son amoureux ; catholique (Ouf !) ; Ivoirien (Caramba ! Encore raté !). Les braves gens adorent leurs filles et apprécient volontiers les qualités de leurs gendres, mais enfin ceux-ci ne ressemblent pas tout à fait à ce qu’ils espéraient qu’ils seraient. Rien de bien grave : la situation est assez classique.
Le pire est que ça se veut hardi dans le vivre ensemble, que ça se fait des clins d’œil à peine supportables dans le cliché. Les musulmans sont un peu antisémites, les Juifs un peu islamo-méfiants, les Chinois méprisent un peu tout le monde, le papa ivoirien ne peut pas blairer les Blancs (sauf le général de Gaulle, et encore pas tout…). Naturellement, pour rester dans le politiquement correct, les femmes sont meilleures que les hommes. Les quatre filles, en premier lieu, qui sont passées au dessus des préjugés, mais aussi la maman africaine (Salimata Kamate), pleine de bon sens et de joie de vivre ; et Marie Verneuil/Chantal Lauby sera rapidement, elle aussi, touchée par la grâce. Les quatre gendres, malgré quelques bisbilles et agacements mutuels, sont jeunes, beaux, modernes et ouverts.
Christian Clavier et Chantal Lauby forcent un peu le trait, mais sont plutôt convenables ; les filles, je l’ai dit, sont belles, notamment la petite quatrième, Laure (Élodie Fontan) ; les gendres ont l’air bien sympathique : rien que de lisse, de sucré, de convenu. On songe à ce qu’un vrai cinéaste, par exemple un Dino Risi, aurait pu tirer de ça qui aurait pu fouiller, scarifier, dénuder le sujet. Mais ceci est une autre affaire !