Au dessous de la moyenne du genre
Au dessous de la moyenne, certes, et ma note devrait être de 2,5 plutôt que 3. Ce n’est pas infamant, il y a quelques bonnes choses, mais c’est poussiéreux et artificiel tout à la fois, absolument jamais crédible et l’on comprend – pour une fois ! – la grogne des jeunes loups de la future Nouvelle Vague lorsqu’ils voyaient sortir sur les écrans, à grandes brassées, des films insignifiants (ça n’empêche pas qu’il ne fallait pas jeter le bébé avec l’eau du bain et saloper durablement le paysage cinématographique français).
Donc, sur une histoire emberlificotée (c’est la loi du genre) de James Hadley Chase, voilà une atmosphère de Côte d’Azur luxueuse et alcoolisée, comme on la voyait à la fin de la peu regrettée Quatrième République : dans une somptueuse villa de Saint-Jean Cap Ferrat, propre à faire rêver Margot vit un couple dont l’homme, Eric (l’excellent Peter Van Eyck) est à la fois richissime, en train d’être dépossédé de la société qu’il dirige et alcoolique au dernier degré, et la femme, Hélène (Michèle Morgan), avec qui il a de violentes disputes, semble vouloir l’isoler du monde extérieur.
Un jeune type famélique, Robert, (Daniel Gélin) est embauché, pour servir de chauffeur et d’homme à tout faire par Eric. il gêne assez les plans d’Hélène qui – on s’en aperçoit évidemment très vite – a pour objectif d’empocher la grosse galette grâce à une assurance-vie bien venue et à la mort de son mari. D’ailleurs, ça ne rate pas : Eric se suicide, mais il faut que ce suicide soit maquillé en crime. Robert va devenir le précieux outil d’Hélène, qui devient sa maîtresse.
Naturellement, ça se termine épouvantablement mal pour tout le monde ; je ne conterai évidemment pas pourquoi si quelqu’un voulait se risquer à voir le film.
La réalisation de Denys de La Patellière – qu’on a connu mieux inspiré (Les Grandes familles, Rue des Prairies, Un taxi pour Tobrouk) – est terriblement statique et lente, la direction d’acteurs inexistante. Michèle Morgan est comme à peu près toujours épouvantablement mauvaise, mais il est assez amusant de la voir jouer, pour une fois, une garce intégrale. Daniel Gelin, en jeune godelureau, est assez mièvre, mais son rôle de jouet de la malfaisante Hélène veut ça… Il a toutefois une excellente scène de séduction avec l’alors débutante Michèle Mercier, jeune bonne engagée par la perfide Hélène pour mieux boucler le dispositif…
Enfin ! Voilà un film qui a tout de même meublé une après-midi pluvieuse, en attendant l’arrivée de l’étape du Tour de France…