D’un réalisateur dont je n’avais jamais entendu parler, Ulu Grosbard et sur un thème identique à celui du célèbre Brian De Palma, le mystère de la fille coupée en deux qu’on a surnommée Le Dahlia noir, voilà un film intéressant, innovant, original, plein de retournements et d’originalités. Le fait d’en placer l’intrigue – c’est-à-dire le martyre des pauvres filles manipulées, violées, torturées par des potentats qui se croient (et sont souvent) au-dessus des lois – au milieu de douteuses manigances de l’Église et les ambitions immobilières d’un Archevêché californien donne, de surcroît, un peu de piment supplémentaire à l’intrigue.
N’allons pas trop dans le dithyrambe : le conflit fraternel et affectueux entre deux frères, l’un, l’inspecteur Tom Spellacy (Robert Duvall) destiné à nettoyer l’égout des écuries d’Augias californiennes, l’autre l’évêque auxiliaire Desmond (Robert De Niro), promu par sa subtilité, son onctuosité, son habileté aux plus hautes fonctions ecclésiastiques est une des pratiques habituelles du cinéma de genre étasunien, celui qui incline le romanesque ou même le mélodrame.On voit bien d’emblée combien les deux frères, si affectueux et fondamentalement proches qu’ils sont, ont des destinées différentes et des manières différentes de voir les choses. Le premier est un de ces flics rogneux, grincheux, agressifs, violents, brutaux qui font la trame de tous les mêmes personnages du style ; le second est policé onctueux, subtil, prêt à beaucoup de compromissions pour assurer la domination de l’Église, qu’il considère, finalement, comme si elle n’était qu’une grande entreprise qu’il s’agirait de faire triompher de ses concurrents.
Le premier s’est longtemps compromis dans des affaires louches de prostitution et de magouilles immobilières avec le désormais important notable Jack Amsterdam (Charles Durning) devenu un des personnages les plus influents et les plus riches de la communauté catholique de la contrée. Le second, dont la vocation n’est pas assurée et la Foi superficielle, accomplit souplement une carrière ecclésiastique brillante au sein de l’Archevêché, auprès du Cardinal-Archevêque Danaher (Cyril Cusack), qui lui fait entièrement confiance et lui sait gré d’avoir rendu prospère un diocèse qui ne l’était pas, grâce à son habileté de négociateur et à la souplesse habile de ses cheminements.
Le film de Ulu Grosbard est beaucoup plus explicite : il relie l’assassinat à un petit groupe de viveurs, de riches débauchés se refilant des filles faciles mais dont le tueur effectif est en fait, mort dans un accident de voiture peu après le meurtre. Mais ce qui est intéressant c’est l’entrecroisement de l’enquête avec les relations tortueuses des deux frères et parallèlement les complexes situations nouées par l’Église avec de riches donateurs dont tous sont loin d’avoir la conscience nette.
La qualité du jeu de Robert De Niro tout autant que Robert Duvall et des autres interprètes. Bien monté, bien rythmé, d’une complexité séduisante, Sanglantes confessions me semble n’avoir pas eu de grande renommée ; c’est bien regrettable.