Mais quelle tristesse, mon Dieu ! Quel sentiment d’avoir perdu deux heures de sa précieuse vie pour regarder les interrogations nombrilistes de Francis Ford Coppola ! À dire le vrai, c’est sur son seul nom que j’avais regardé le DVD et pourtant alors même que le réalisateur du Parrain, d’Apocalypse now et de Dracula ne m’est pas gage de qualité ! Mais, comme tout le monde il m’arrive – sottement – d’être impressionné par une notoriété, qui, en fait, n’a pas lieu d’être. Pourtant en regardant cette connerie majuscule de Tetro, j’avais souvent l’impression d’être dans un de ces films grotesques réalisés ou inspirés par l’inutile Marguerite Duras : du bavardage inspirant pour institutrices frustrées qui croient qu’elles accèdent ainsi à la sagesse et à la culture. C’est aussi absurde que glaçant.
La baudruche Duras a fait beaucoup de mal à la civilisation et à la culture littéraire : on s’en apercevra lorsqu’on osera dénoncer la publication de ses petites crottes en Pléiade : 4 volumes ! Quelle horreur ! Pourquoi pas les Œuvres complètes d’Annie Cordy avec Tata Yoyo et La bonne du curé en frontispices ? Au fait pourquoi en parler ? Parce que Tetro est de cette même nullité prétentieuse qui caractérise l’œuvre (ah ah ah !) de la malfaisante, Hiroshima mon amour ou Son nom de Venise dans Calcutta désert. Remarquez, une fois que j’ai dit ça, je dois bien avouer que j’aime beaucoup, du même auteur, Une aussi longue absence. Personne n’est jamais vraiment aussi mauvais qu’on pouvait l’espérer.
Revenons à Coppola et à Tetro. C’est vraiment sidérant d’ennui : une histoire alambiquée et prétentieuse de secrets d’une famille d’artistes déchirée par quelques milliers de non-dits et la recherche désespérée, désespérante, par le jeune frère Benjamin Bennie (Alden Ehrenreich) de son aîné Angelo Angie Tetrocini, dit Tetro (Vincent Gallo). On comprend qu’ils sont les fils de Carlo (Klaus Maria Brandauer) une sommité de la direction d’orchestre, qui règne à la tête d’un des plus grands orchestres classiques de New York.
Pour des raisons compliquées mais dans quoi on ne parvient qu’assez mal à entrer, Tetro a fui sa famille et ne veut en aucun cas avoir le moindre rapport avec elle ; il porte en lui la terrible culpabilité d’avoir tué sa mère accidentellement, en voiture. Écrivain de talent, il fuit parallèlement toute publicité, toute publication, toute notoriété.Il vit modestement avec Miranda (Maribèl Verdu) qu’il rudoie mais dont il ne peut se passer. Pour la petite communauté littéraire qui se tortille autour de la grande critique Alone (Carmen Maura), il est à la fois indispensable et exaspérant.
Que se passe-t-il, pendant les deux heures que dure le film Tetro ? Rien ou presque ; des agaceries, des ratiocinations, les glandouillages habituels du milieu littéraire et artistique ; des accidents, des disputes, des criailleries, des menaces, des alcoolisations. L’Argentine, où se situe le film, présente donc les mêmes errances et les mêmes situations que l’Europe, ses intermittents du spectacle, ses cénacles abscons maigrement subventionnés par l’État (ou par d’autres Pouvoirs publics, peu importe). Ça se termine au Festival de Patagonie, organisé par Alone où la pièce écrite par Tétro/Vincent Gallo et rectifiée et achevée par Bennie/Ehrenreich remporte le premier prix.
Entre-temps (ou parallèlement, je ne me souviens plus) on a appris que les deux frères sont, en fait, le père et le fils. On doit à la vérité d’affirmer que l’on s’en fout complétement. Encore deux heures perdues parce que l’on avait été (un peu) impressionné par le renom de Coppola.