Ringardise, ringardises du théâtre…
Quoi qu’on en dise et qu’on qu’on y fasse, cinéma et théâtre sont des mondes à part, moins connivents qu’adversaires, se méprisant et se jalousant tout à la fois dans une impossible concurrence. Et, à dire le vrai, à part quelques beaux Guitry (notamment Le Comédien) et Les enfants du Paradis, je ne vois pas beaucoup d’hommage à cet art ringard…
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Le cinéma a succédé au théâtre (et, à mes yeux, l’a totalement ringardisé) en s’affranchissant, certes, de nombre de ses contraintes et limites, mais aussi en utilisant ses recettes et en adaptant ses récits ? Les films tirés de pièces de théâtre sont légion ! Et ça va de Marius à Key Largo, de Douze hommes en colère à Cyrano de Bergerac… Et Dogville, alors ?…
On pourrait même dire, dans une certaine mesure, que tous les films tournés en huis clos utilisent l’espace fermé du théâtre ; cela n’en fait pas des films SUR le théâtre…
Pour répondre à un précédent message : si je n’ai pas vu Tôa, je crois connaître assez l’œuvre de Guitry – et ses orientations – pour penser que le Maître, à l’arrivée du parlant plus que sceptique sur le Nouvel Art, a vite compris – sans jamais trop l’avouer, ou même se l’avouer (ç’aurait été une sorte de parricide) que le cadre théâtral était dépassé, et que la souplesse du cinéma, entre extérieurs, montage, jeu des lumières et des caméras, pérennité de l’enregistrement en sus, était la voie de l’avenir. (Même réflexe visionnaire chez Pagnol, d’ailleurs).
Mais nous allons pouvoir gloser de tout cela à l’envi puisque de gigantesques coffrets Guitry vont sortir avant la fin du mois, avec tout ce que nous aimons, films issus de pièces de théâtre (Faisons un rêve) ou merveilleuses compositions cinématographiques pures (Les perles de la Couronne)…