Une curiosité.
Tout de même, se dire que six ans après, Vittorio De Sica réalisait Le voleur de bicyclette laisse un peu pantois. Parce que l’aimable divertissement Un Garibaldien au couvent que j’ai capté sur FR3 l’autre soir ne permet tout de même pas d’imaginer de ce que seront les grands films qui vont venir, Sciuscia, Miracle à Milan, La Ciociara, Le jardin des Finzi-Contini…
Je dois avouer que je n’ai pas vu la fin du film, que j’avais chargé ma box d’enregistrer, celui-ci passant à des heures tardives, donc indécentes. Comme le journal de FR3 a duré plus que prévu, l’enregistrement s’est arrêté cinq ou six minutes avant la fin et j’ai raté le happy end. Rien de bien grave, ce genre d’œuvres laissant deviner son déroulement très tôt et donnant toutes les prévisibilités évidentes dès le premier quart d’heure d’exposition passé.
Ce qui ne signifie pas que ce soit ennuyeux ou dérisoire, loin de là ! Débarrassé de l’interrogation habituelle sur l’évolution des événements, le spectateur a tout loisir de s’intéresser sur de charmantes petites choses, les physionomies, les mots d’esprit, les études de caractères, les gags, la beauté des actrices, les ridicules des acteurs… détails plaisants, trames de l’intrigue, douceurs des attitudes.
Trente ans après les événements qui font le fonds du film et qui se déroulent dans le royaume de Naples en 1860, Caterinetta Bellelli (Carla Del Poggio) raconte à deux de ses petites-filles ce qui l’a rapprochée de Mariella Dominiani (María Mercader), alors que les deux familles étaient antagonistes, celle de Mariella étant aristocratique et misérable, celle de Caterinetta roturière et opulente. Placées toutes les deux dans la même institution pieuse et malgré la langue de vipère de Geltrude Corbetti (Clara Auteri Pepe), elles se sont liées d’amitié et ont vibré l’une et l’autre lorsque le beau comte Franco Amidei (Leonardo Cortese), fiancé secret de Mariella et tout aussi secret farouche garibaldien, blessé par ses adversaires, s’est réfugié parmi les saintes femmes et les pensionnaires du couvent.
Les péripéties sont gentilles et fraîches, quelques scènes sont drôles et tendres. Mais si je n’avais pas lu, dans le programme de télévision, qu’un film de De Sica passait à la télévision, est-ce que j’aurais regardé cette gentille farce aimable et sans aspérité ?