Un homme est mort

On ne joue pas comme ça dans la cour des grands.

De fait, de Jacques Deray qui a touché presque à tout, la carrière est abondante et les réalisations sont multiples. Bel artisan du cinéma, quelquefois avec des films superbes comme La piscine (1969), Flic story (1975), Un papillon sur. l’épaule (1978), On ne meurt que deux fois (1985), ou même Rififi à Tokyo (1962), Symphonie pour un massacre (1963). Mais aussi des histoires mal ou peu ficelées par exemple Borsalino, (1970), Le solitaire] (1987) ou Netchaiev est de retour (1991).

Un homme est mort se situerait plutôt au milieu Bas de la deuxième catégorie, parmi les films honorables, qui se regardent avec un certain plaisir, bien rythmé, plutôt bien interprété mais qui est touffu, confus, marqué d’invraisemblances si énormes que même lors des séquences les plus dynamiques et les plus violentes on ne parvient pas à se laisser emporter.

Le tout début du film est pourtant tendu, glacé, impeccable. Lucien Bellon (Jean-Louis Trintignant) arrive à l’aéroport de Los Angeles, dont les hauteurs sont beaucoup moins spectaculaires que celles de New-York survolées dans West side story. D’ailleurs la grande ville du Pacifique m’a paru de bout en bout hideuse. L’homme est réservé, mutique, même, d’aspect très professionnel. Il est conduit dans la chambre anonyme d’un palace ; il y trouve une mallette contenant un revolver et une très forte somme d’argent. Il laisse dans la chambre – on se demande pourquoi et c’est une des premières failles du film – son passeport et son billet de retour à Paris.

Lucien s’introduit – en se faisant passer pour un visiteur attendu, Roger Garnier – dans la somptueuse demeure de Victor Kovacs (Ted de Corsia), très important chef mafieux et le tue illico. Il quitte tranquillement la villa sous les yeux attentifs de Jackie (Angie Dickinson), la femme de l’assassiné et d’Alex (Umberto Orsini), son fils . Nouvelle faille : pour qui a un peu pratiqué le paysage du film noir il est clair comme de l’eau de roche que ces deux-là sont amants et qu’on les reverra plus tard.

De retour à l’hôtel, le tueur s’aperçoit que sa chambre a été vidée et qu’il n’a donc plus ni passeport, ni billet de retour. Quittant le palace, il se fait tirer dessus par un inconnu, Lenny (Roy Scheider toujours fluide, élégant). Il prend en otage une ménagère excitée, téléphone à Antoine, son patron à Paris (Michel Constantin) qui lui conseille de contacter une amie, Nancy (Ann-Margret), ancienne tenancière de boîte de strip-tease.

À partir de là, le film se gâte gravement multipliant les coups de fusil, les poursuites en voiture et les cavalcades à toutes jambes : c’est devenu une spécialité de Trintignant depuis La course du lièvre à travers les champs de René Clément, la même année 1972. Et ça se termine en bouillie sanglante où personne ne s’en sort.D’ailleurs on s’en fiche énormément parce que personne ne vaut la peine qu’on le regrette.


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