Sans doute est-ce un effet de l’âge, mais j’ai toujours l’impression, lorsque je regarde un film étasunien récent, que je suis sur une autre planète ; la hideur panique des centres commerciaux, l’étrange mélange des tours de cinquante étages et des maisons individuelles à jardins calamistrés, la combinaison de naïveté extrême et d’extrême roublardise, tout cela me paraît d’une étrangeté martienne, presque.
Naturellement, ça peut n’être pas désagréable et l’idée de départ de Very bad trip est particulièrement réjouissante : la disparition des repères et de la rationalité apparente, l’impression qu’on est dans un rêve (ou dans un cauchemar) dont on ne se dépêtre pas, dans quoi, plutôt, on s’enfonce au fur et à mesure qu’on avance est un ressort très intéressant du cinéma…
Me viennent à l’esprit, spontanément, dans le mode dramatique, Frantic, de Roman Polanski ou Marathon man de John Schlesinger ou, dans le mode burlesque et glaçant, After hours de Martin Scorsese où un individu à peu près ordinaire se trouve jeté sous une série de douches froides.
Comme dans Very bad trip, les individus sont quatre, on pourrait penser que la recette n’en sera que plus épicée ; en fait, et malgré quelques bonnes idées farfelues, ça manque un peu de rythme et de venin pour ne pas être autre chose qu’un bon petit film de série qui sera, j’imagine, assez vite oublié…