Et sa rencontre avec Thomas Leine (Robert Hoffmann), un sale individu, un garçon à belle gueule, déserteur, joueur compulsif, prêt à tout mais surtout faible : il n’est pas comme le lieutenant Mahler (Farley Granger) qui dans Senso de Visconti prend complétement sous sa coupe la comtesse Livia Serpieri (Alida Valli). Thomas Leine est un lâche mais il ne veut pas profiter de sa lâcheté : il la subit et, d’une certaine façon, en est humilié. De la même façon, Lady Copland/Darrieux ne paraît pas aussi éblouie et rendue folle par la passion charnelle que subit la comtesse Serpiéri/Valli.
Il y a trop de flou, dans ce film. Lady Copland, dans sa villégiature, est accompagnée par trois femmes : Mme Di Stefano (Marthe Alycia), vertueuse et ennuyeuse et sa jeune fille (13 ans ? 14 ans ?) Mariette (Romina Power), relations de voyage et de séjour ; et plus singulièrement par Stéphanie Georges (Léna Skerla), dame de compagnie (?) de Mme Di Stefano et vraisemblablement amante lesbienne de Lady Copland ; mais tout cela est furtif et implicite et le relations entre les quatre femmes ne sont jamais clairement exposées.Un soir, pendant un concert classique dont le pianiste (Even de Tissot) donne des vapeurs à toutes ces femmes sans hommes (nous sommes pendant la guerre, l’avez-vous oublié ?), une terrible averse survient. Lady Copland, saisie par l’orage se réfugie au casino du lieu et, fascinée, s’émerveille de la beauté de Thomas Leine. Je suis à deux doigts d’écrire qu’il s’agit là d’une réaction maternelle (non érotique) : à un moment on apprend que la belle dame a perdu, bien des années auparavant, son fils unique. De là à penser que…
Naturellement, comme une femme mûre qui sent que ce sont là les derniers moments où elle pourra séduire – ou plutôt ressentir le dieu des corps – et qui retrouve dans son bel amant l’enfant qu’elle n’a pas vu grandit, Lady Copland se donne dans une relation, dans une aventure où la réalité n’a plus de prise. Plus elle tente de croire qu’il peut y avoir un retour en arrière dans sa vie sentimentale et que son provisoire amant va se conformer à ce qu’elle souhaiterait qu’il redevienne, plus elle sent qu’il fuit : il la roule, il lui ment, il la gruge.Bien voilà, c’est fini : tout le monde retourne à Paris. Lady Copland égrène, à la fenêtre du wagon, ce brin de bruyère qui symbolise aussi la fin de sa vie amoureuse, et davantage, de sa vie de femme. De sa vie, tout simplement.